Les autorités mexicaines reprochent à l’équipementier allemand Adidas et au créateur américain Willy Chavarria d’avoir utilisé sans autorisation un design issu de la tradition artisanale de la communauté indigène de Villa Hidalgo Yalalag, dans l’État d’Oaxaca. Le modèle incriminé, baptisé « Oaxaca Slip-On », reprend la tresse en cuir caractéristique des huaraches, chaussures traditionnelles, mais la fixe sur une semelle sportive en caoutchouc.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a réagi, indiquant que « les grandes entreprises prennent souvent des produits, idées et designs des communautés indigènes ». Elle a affirmé que son gouvernement « étudiait la voie légale » pour protéger ses artisans. Le sous-secrétaire à la Culture, Marina Nunez, a confirmé qu’Adidas avait contacté les autorités locales pour discuter d’une « restitution aux personnes qui ont été plagiées ».
Réactions et excuses du créateur
Le gouverneur de l’État, Salomon Jara Cruz, a exigé le retrait du modèle et une excuse publique, affirmant que « la culture ne se vend pas, elle se respecte ». Les autorités rappellent que l’artisanat représente une ressource économique majeure au Mexique, employant environ un demi-million de personnes et représentant jusqu’à 10 % du PIB dans des États comme Oaxaca, Jalisco, Michoacán et Guerrero.
Le 9 août, Willy Chavarria a reconnu dans un communiqué transmis à l’AFP, que ses sandales utilisaient « indûment le nom de l’État d’Oaxaca » et qu’elles n’avaient « pas été développées en partenariat direct et significatif avec les habitants ». Il a ajouté que cette démarche « ne correspondait pas à une approche respectueuse et collaborative » méritée par la communauté à l’origine du design.
Un conflit dans un contexte plus large
Adidas a répondu dans une lettre qu’elle « valorise profondément la richesse culturelle des peuples indigènes du Mexique » et souhaite rencontrer les autorités d’Oaxaca pour discuter de la manière de « réparer les dommages » causés.
Cette affaire s’inscrit dans une série de litiges opposant le Mexique à de grandes marques de mode accusées d’exploiter sans autorisation les motifs et créations artisanales locales. Ces dernières années, le gouvernement mexicain a déjà dénoncé les pratiques de Zara, Anthropologie, Carolina Herrera ou encore Shein.
Pour Claudia Sheinbaum, cette bataille ne concerne pas seulement une paire de chaussures, mais la défense d’un patrimoine culturel collectif que son administration entend protéger par des réformes législatives.