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OTAN : l’UE devra attendre plusieurs années avant de se réapprovisionner en systèmes Patriot envoyés en Ukraine

Les stocks insuffisants des systèmes de défense aérienne américains, fournis à Kiev, inquiètent des officiels militaires et diplomatiques au sein de l’UE et de l’OTAN. Les difficultés à augmenter la production d’armes et les retards de livraison sont autant de complications qui ne cessent de s’aggraver avec le prolongement du conflit en Ukraine.

Certains pays de l’UE, qui fournissent à l’Ukraine des systèmes de défense aérienne Patriot fabriqués aux États-Unis, pourraient devoir attendre jusqu’en 2032 pour les remplacer, en raison d’un important retard de production, a déclaré l’amiral français Pierre Vandier, Commandant suprême allié Transformation de l’OTAN, au site d’information Euractiv.

Depuis des mois, les responsables ukrainiens réclament davantage de Patriot et de munitions de fabrication américaine, présentant ces systèmes comme la clé de voûte du réseau de défense aérienne du pays. Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il espérait en recevoir dix supplémentaires. Chaque batterie est estimée à un milliard de dollars, et chaque missile intercepteur à environ 4 millions.

Plusieurs pays européens ont manifesté leur intérêt pour un accord proposé par le président américain Donald Trump, en vertu duquel ils transféreraient des systèmes Patriot à l’Ukraine et seraient réapprovisionnés par Washington.

Cependant, Pierre Vandier a déclaré que le délai d’attente pour les livraisons de batteries Patriot pourrait atteindre près de sept ans. Une deuxième source d’Euractiv a émis une prévision plus optimiste, mais elle a toutefois précisé que les livraisons ne pouvaient être honorées avant « au moins quelques années » dans le meilleur des cas.

L'Allemagne en première ligne

L’important retard a suscité l’inquiétude et des hésitations au sein de l’UE. Un diplomate, dont l’identité n’a pas été révélée, a admis que l’abandon du système de défense aérienne était « effrayant », et ce, même en faveur de l’Ukraine, qui affirme « défendre » l’UE.

L’Allemagne, qui s’est récemment engagée à transférer trois systèmes Patriot à Kiev, aurait exigé des garanties « incontestables » de la livraison de systèmes de remplacement américains dans les huit mois.

La Suisse aussi en paie le prix

Par ailleurs, la volonté des États-Unis de donner la priorité au remplacement interne de l’OTAN a déjà eu des répercussions sur les acheteurs hors UE. La Suisse, qui a commandé cinq systèmes Patriot en 2022 et espérait une livraison complète à l’horizon 2028, a confirmé le mois dernier que le délai initial serait retardé pour une durée indéterminée, à la suite de la décision américaine de réaffecter les armes.

Moscou a systématiquement condamné les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, avertissant qu’elles ne faisaient que prolonger le conflit sans en modifier l’issue. Elle a également accusé la partie européenne de l’OTAN de poursuivre une « militarisation inconsidérée » et de présenter la Russie comme un « ennemi » pour justifier une augmentation des dépenses d’armement.