Le célèbre monastère Shaolin, situé dans la province chinoise du Henan, fait à nouveau parler de lui. Son abbé, Shi Yongxin, est visé par une enquête conjointe menée par plusieurs administrations pour détournement de fonds, appropriation de biens du temple et violation grave des règles bouddhistes. D’après un communiqué publié sur le compte officiel du temple sur WeChat, il est notamment accusé d’avoir eu « des relations prolongées avec plusieurs femmes » et d’être le père d’un enfant illégitime.
L’enquête vise également le détournement de subventions attribuées à des projets du temple. De telles accusations ne sont pas une première pour Shi Yongxin. Dès 2015, un ancien moine avait publié sur internet un dossier l’accusant d’avoir payé pour des relations sexuelles avec des nonnes, de posséder une collection de voitures de luxe et d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent. À cette époque, une enquête officielle menée jusqu’en 2017 avait finalement conclu à son innocence sur le plan pénal, bien que des irrégularités administratives aient été reconnues, notamment une double identité et l’enregistrement de 15 véhicules sous le nom du monastère.
Des scandales à répétition depuis plus de dix ans
Le South China Morning Post ajoute que Shi Yongxin avait déjà été critiqué en 2006 pour avoir accepté une voiture de luxe offerte par le gouvernement local. En 2015, le temple avait également suscité la controverse avec un projet immobilier en Australie, comprenant hôtel, académie de kung-fu et terrain de golf.
La nouvelle affaire a été confirmée par l’administration du temple, ce qui marque une différence par rapport aux précédentes accusations souvent contestées ou qualifiées de rumeurs. Les autorités chinoises ont annoncé que les résultats de l’enquête seraient rendus publics ultérieurement. L’ampleur des faits reprochés pourrait cette fois donner lieu à de véritables poursuites pénales.
Un temple transformé en entreprise, ce qui suscite des critiques
Le monastère Shaolin, fondé en 495 et reconnu comme le berceau du kung-fu et du bouddhisme Chan, est depuis longtemps sous les projecteurs. À partir de 1999, sous la direction de Shi Yongxin, souvent surnommé « le moine-CEO » en raison de son MBA et de sa gestion orientée vers le business, le temple a été accusé de dérive commerciale. Films, séries, franchises à travers la Chine et vente de produits dérivés ont transformé ce lieu religieux en entreprise prospère, suscitant critiques et controverses dans le monde bouddhiste chinois.
À l’heure actuelle, aucune arrestation n’a été confirmée. Toutefois, l’enquête continue, et le monastère promet de communiquer les résultats « en temps voulu ». En Chine, cette affaire s’inscrit dans une série d’enquêtes plus larges visant le comportement des représentants du clergé bouddhiste.