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Budget européen 2028-2034 : un projet ambitieux qui divise, la France en première ligne

La Commission européenne propose un budget record de 2 000 milliards d’euros pour 2028-2034, axé sur compétitivité et défense. Contesté par l’Allemagne et les pays «frugaux», il est jugé ambitieux par le gouvernement macroniste mais suscite la colère des agriculteurs.

La Commission européenne, menée par Ursula von der Leyen, a dévoilé mercredi 16 juillet 2025 un projet de budget pluriannuel de 2 000 milliards d’euros pour 2028-2034, qualifié de « plus ambitieux jamais proposé ».

Ce cadre financier, qui succède à celui de 2021-2027 (1 200 milliards, complété par 800 milliards de plan de relance post-Covid), suscite des réactions contrastées, notamment en France, où les tensions budgétaires nationales alimentent le débat.

 

Soutien à l’Ukraine et colère des agriculteurs

 

Ce budget, représentant 1,26 % du PIB européen, met l’accent sur la compétitivité (451 milliards, dont 131 pour la défense) et un soutien de 100 milliards à l’Ukraine. Cependant, la proposition réduit les fonds alloués à la politique agricole commune (PAC) à 300 milliards, contre 387 milliards précédemment, provoquant l’ire des agriculteurs.

Le Copa-Cogeca et la FNSEA, par la voix d’Arnaud Rousseau, dénoncent une « provocation » et craignent un affaiblissement du secteur face à des priorités comme l’Ukraine.

Des manifestations ont eu lieu à Bruxelles, où des centaines d’agriculteurs ont protesté contre ce « mercredi noir ». L’Allemagne, par son porte-parole Stefan Kornelius, juge l’augmentation « inacceptable » dans un contexte de consolidation budgétaire nationale. Les Pays-Bas, pays « frugal », partagent ce rejet, critiquant un budget « trop élevé ». En France, le ministre délégué à l’Europe, Benjamin Haddad, salue une proposition « ambitieuse », mais le pays, deuxième contributeur après Berlin, fait face à ses propres contraintes.

Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a annoncé une réduction de la contribution française en 2026, passant de 7,3 à 5,7 milliards d’euros, dans le cadre d’un plan d’économies de 43,8 milliards pour réduire le déficit.

Le Parlement européen, via Siegfried Muresan (PPE) et Carla Tavares (S&D), critique un « manque d’ambition », arguant que la hausse est absorbée par l’inflation et le remboursement de l’emprunt Covid. La proposition de nouvelles taxes (tabac, entreprises, déchets électroniques) divise, Berlin s’y opposant fermement. Les écologistes, eux, craignent un sacrifice des fonds environnementaux.

Les négociations, prévues sur deux ans, s’annoncent ardues, avec des divergences entre les « frugaux » et les partisans d’un nouvel emprunt commun, comme la France. Ce budget, censé répondre aux crises géopolitiques, climatiques et économiques, risque de cristalliser les fractures européennes, la France jouant un rôle clef mais sous pression budgétaire interne.