L'escalade de la violence en Syrie a franchi un nouveau seuil ce 16 juillet. L’armée israélienne a revendiqué une frappe contre le complexe de l’État-major général à Damas, présentée comme une réponse aux violences en cours dans la ville druze de Soueïda, au sud du pays. Depuis le 13 juillet, cette région est le théâtre d’intenses combats opposant des factions armées locales aux forces gouvernementales.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les affrontements à Soueïda ont fait près de 250 morts, dont au moins 21 civils druzes « exécutés sommairement ». Ce conflit local, nourri par des tensions anciennes entre Druzes et Bédouins, a basculé en un affrontement frontal contre l’armée syrienne, provoquant une onde de choc dans tout le pays.
Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a confirmé que l’entrée du complexe militaire à Damas avait été visée dans la matinée, évoquant une « alerte maximale face à tous les scénarios ». Une seconde frappe a touché le secteur dans l’après-midi, selon la télévision d’État syrienne.
Les autorités syriennes ont dénoncé une « agression israélienne » ayant blessé deux civils à Damas, selon la chaîne publique Al-Ekhbariya.
« Protéger les Druzes »
Parallèlement, Israël a renforcé sa présence militaire le long de la frontière, invoquant une « mesure de précaution ». Le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar a fustigé le gouvernement syrien de transition dirigé par Ahmed al-Charaa, le qualifiant de « régime non élu » coupable, selon lui, de « réprimer les minorités ».
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a appelé Damas à « retirer immédiatement ses troupes de Soueïda » et promis qu’Israël « ne laisserait pas tomber la communauté druze ». « Nous appliquerons la politique de désarmement approuvée par le gouvernement israélien », a-t-il déclaré.
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a exhorté les citoyens druzes d’Israël à ne pas franchir la frontière syrienne. « La situation à Soueïda et dans le sud-ouest de la Syrie est très grave [...] Tsahal agit, l’armée de l’air agit, d’autres forces agissent. Nous intervenons pour sauver nos frères druzes et éliminer les milices du régime », a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée sur X.
Sur le terrain, les tensions ont gagné les hauteurs du Golan occupé, où plusieurs dizaines de Druzes de Majdal Shams ont franchi la barrière frontalière en direction du territoire syrien – un geste rare, qui témoigne de l’ampleur de la mobilisation communautaire face aux événements.
Cette nouvelle phase du conflit syrien, où s’entremêlent rivalités locales, interventions étrangères et enjeux communautaires, fait craindre une extension régionale des violences.