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«Menace russe» : le plus grand port d'Europe se prépare à une «guerre potentielle», selon le Financial Times

Le port de Rotterdam a adopté des mesures exceptionnelles pour un hypothétique conflit avec la Russie, selon le Financial Times. Quais militaires, coordination renforcée avec Anvers, appels à des stocks stratégiques : l’Europe aiguise ses infrastructures comme on affûte une lame, entre fièvre sécuritaire et menace fantasmée.

Le port de Rotterdam, le plus grand port européen, prend des mesures inhabituelles face à une prétendue menace de conflit avec la Russie. Ainsi, certains quais ont été réservés à l'accueil de navires militaires de l'OTAN, et des plans ont été élaborés pour réorienter les approvisionnements civils « en cas d'urgence », selon le Financial Times.

Le directeur général du port, Boudewijn Siemons, cité par le quotidien britannique, a évoqué une coopération renforcée avec le port voisin d'Anvers pour accueillir d'éventuels matériels militaires venus du Royaume-Uni, des États-Unis et du Canada. Toutefois, il a souligné que tous les terminaux n'étaient pas adaptés à accueillir ces cargaisons.

Pour la première fois, le ministère néerlandais de la Défense a exigé que le port réserve régulièrement des quais pour les navires militaires opérant dans le cadre de missions de l'OTAN. Ces bateaux accosteraient plusieurs fois par an, avec des séjours prolongés de plusieurs semaines. Des manœuvres de débarquement sont également programmées. Même au plus fort de la Guerre froide, le port de Rotterdam n’avait jamais été doté d’infrastructures militaires spécifiques.

Le directeur du port a également recommandé à l'Union européenne de créer des réserves stratégiques, non seulement de pétrole mais aussi de cuivre, de lithium, de graphite et de médicaments, considérant les infrastructures logistiques des ports comme particulièrement adaptées à ces fins.

Cette préparation inhabituelle du port de Rotterdam s'inscrit dans un contexte européen plus large, où l'Union européenne intensifie ses efforts face à une hypothétique menace russe. Ainsi, la Commission européenne prévoit prochainement de dévoiler une stratégie visant à constituer des stocks d'urgence de médicaments, de matériaux essentiels, d'équipements énergétiques, voire même de vivres et d'eau.