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Arctique : une armée de robots contre la fonte des glaces

Le Royaume-Uni finance une étude afin de déterminer la capacité de robots à ralentir la fonte des glaces dans l'Arctique, révèle le Times. Il s'agit de créer de nouvelles couches de glace. Le projet sera évalué en fonction de sa faisabilité technique et de ses conséquences sur les écosystèmes arctiques et le climat mondial.

L’Agence britannique pour la recherche avancée et l’invention (ARIA) a investi 10 millions de livres sterling (environ 13,4 millions de dollars) dans un projet inédit de lutte contre la fonte des glaces arctiques, rapporte le Times. Une équipe d’experts dirigée par Shaun Fitzgerald, chercheur à l’université de Cambridge, est chargée d’examiner s’il est techniquement possible d’épaissir la glace de mer en Arctique à l’aide de centaines de milliers de robots autonomes.

Shaun Fitzgerald, dont les recherches ont longtemps porté sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, considère désormais nécessaire de recourir à des solutions plus radicales. D’après lui, les émissions continuent de croître, et la situation climatique impose de nouvelles approches, telles que des interventions technologiques directes sur les écosystèmes menacés.

Des essais exploratoires ont été menés l’année dernière dans l'Arctique : les chercheurs ont enlevé la couche de neige recouvrant la glace, foré des trous et injecté de l’eau de mer dans la structure glacée. Cette méthode aurait permis de générer un doublement de la couche de glace, atteignant environ 25 centimètres au-dessus et en dessous de la surface. Les résultats ont été jugés encourageants, mais trop préliminaires pour aboutir à des conclusions fermes. Les scientifiques soulignent donc la nécessité de données plus précises et plus solides.

L’équipe prévoit de développer des modèles numériques, de réaliser des expériences en laboratoire et de d'effectuer des observations sur le terrain pendant trois hivers consécutifs à proximité de Cambridge Bay, une localité située sur la côte de l’île Victoria, dans l’archipel arctique canadien. L’évaluation portera aussi sur les effets écologiques du projet, notamment sur la faune locale et les éventuels déséquilibres microbiologiques liés à l’intervention humaine.

En cas de résultats satisfaisants, les chercheurs envisagent de déployer jusqu’à 500 000 robots sous-marins bon marché. Ces machines seraient conçues pour percer la glace et projeter de l’eau de mer en surface, afin de créer de nouvelles couches gelées. Le coût d’un tel programme à grande échelle est estimé à environ 10 milliards de dollars par an.

Malgré l’ampleur de ce projet, certains experts mettent en garde contre le danger d’un recours massif à la géoingénierie. Selon eux, de telles initiatives pourraient inciter les gouvernements à repousser les mesures fondamentales de réduction des émissions, en pariant sur des solutions technologiques.

Cette critique prend tout son sens dans le contexte de l’Accord de Paris, signé en 2015 par 194 États, qui vise à contenir la hausse des températures mondiales à entre 1,5 et 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. À titre d’exemple, la Russie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici à 2050, par rapport aux niveaux de 1990.

Parallèlement, des études menées par des universités de Göteborg et du Colorado ont utilisé 300 simulations numériques pour estimer la date du premier été sans glace dans l'Arctique. La plupart des scénarios envisagent un délai de 9 à 20 ans, quels que soient les efforts de réduction des émissions. Certaines projections indiquent même une échéance aussi proche que 2027, en raison de la répétition d’automnes anormalement doux suivis d’hivers arctiques trop cléments.