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Accusations d’abus sexuels : le procureur de la CPI quitte temporairement ses fonctions

Le procureur de la Cour pénale internationale, le britannique Karim Khan, sous le coup d’une enquête pour «faute présumée» depuis novembre, a quitté ses fonctions «jusqu’à la fin de la procédure», a annoncé son bureau ce 16 mai. Il a été accusé de comportement sexuel inapproprié à l’égard d’une membre de son personnel. Accusations qu’il dément.

Karim Khan « a fait part de sa décision de prendre congé jusqu’à la fin de la procédure » à son encontre, a déclaré ce 16 mai dans un communiqué repris par la presse le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Cette même source a précisé que « les procureurs adjoints seront chargés de la gestion du bureau du procureur pendant son absence ».

Ce retrait aurait été motivé par « l’escalade des rapports des médias », a déclaré le principal intéressé dans un courriel consulté par le Washington Post. « Ma décision est motivée par un engagement profond et indéfectible envers la crédibilité de notre Bureau et de la Cour, et par la volonté de préserver l’intégrité du processus et l’équité envers toutes les personnes impliquées », a encore assuré Karim Khan, toujours selon le quotidien américain.

Mi-novembre 2024, après l’annonce par la présidence de l'Assemblée des États Parties de la sollicitation d’une enquête pour « une faute présumée du Procureur », Karim Khan avait dans un communiqué assuré qu'il continuerait à exercer ses fonctions. Cette décision de la CPI de faire diligenter une enquête à l’encontre de son propre procureur avait fuité dans la presse, plusieurs jours plus tôt, Reuters précisant alors qu’elle faisait suite à « des allégations d'inconduite sexuelle ».

Selon des documents remis à l'organe de surveillance de la Cour et consultés par Associated Press, Karim Khan aurait, lors d'un voyage à l'étranger, proposé à une employée de son bureau de « se reposer » avec lui sur un lit d'hôtel et l'aurait ensuite « attouchée ». Il se serait ensuite, selon la même source, rendu à sa chambre à 3h du matin et aurait frappé à la porte pendant 10 minutes.

Khan également accusé d'avoir cherché à faire taire sa victime présumée

L’employée en question serait devenue « une figure incontournable » des déplacements officiels de Khan et « de ses rencontres avec des dignitaires », avait précisé l’AP qui se faisait l’écho d’allégations selon lesquelles le procureur de la CPI aurait obtenu le transfert de cette personne dans son service. « Une mutation qui incluait une augmentation de salaire », précisait alors l’agence de presse américaine.

Fin octobre, citant plusieurs membres du personnel de la CPI, The Guardian rapportait que Karim Khan aurait fait pression sur cette femme – une « avocate réputée d’une trentaine d’années » – pour quelle désavoue ses allégations, ce qu’a nié l’intéressé auprès du quotidien britannique. Ces tentatives présumées auraient eu lieu « par téléphone et en personne ».

The Guardian avait par ailleurs évoqué des documents faisant état d’« attouchements sexuels non désirés et d'"abus" sur une longue période ». « Il n'y a aucune vérité dans des allégations d'une telle mauvaise conduite », avait par ailleurs affirmé Karim Khan dans un communiqué diffusé quelques jours avant la publication de cet article.