« Nous avons préparé beaucoup de place pour les œillets rouges et la nostalgie soviétique ». Sur sa page Facebook, le maire de Vilnius, Valdas Benkunskas, a publié ce 9 mai la photo d’une benne à ordure et d’un camion poubelle arborant un écriteau signé des armoiries de l’Ukraine et où l’on peut lire « Pour les œillets, les bougies et la nostalgie soviétique ».
« Moscou célèbre aujourd'hui le jour de la victoire de la propagande. Dans notre histoire, ce jour représente une autre occupation », a-t-il lancé, évoquant des « forces ennemies » qui seraient « de plus en plus actives en Lituanie ». « Ils organisent des provocations, répandent des mensonges, divisent la société », a-t-il ajouté, appelant « tout le monde » à « célébrer la Journée de l'Europe ! »
Parlant de provocations, à Berlin, un groupe d’une trentaine d’activistes pro-ukrainiens s’est fait remarquer au mémorial de Tiergarten, dédié aux 80 000 soldats de l’Armée rouge morts lors de la prise de Berlin en avril-mai 1945. Sur des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, on peut apercevoir ces individus - brandissant des drapeaux ukrainiens, européens, de l’OTAN ainsi que des pancartes appelant à armer l’Ukraine – interpeller des passants aux cris de « Slava Ukrainï », le tout sous l’œil de la police. « On nous a tout interdit, et vous leur permettez tout ! » aurait notamment lancé à un officier une femme excédée, citée par le Berliner Zeitung.
Le tribunal administratif de Berlin n’a finalement pas interdit les drapeaux et chants militaires ukrainiens durant les commémorations de la Victoire, contrairement à ceux de la Russie et d’autres ex-républiques soviétiques.
En Lettonie, le portail de la Radiodiffusion publique a rapporté, citant la police, que 51 procédures d’infraction administrative avaient été engagées, rappelant que le dépôt de fleurs sur les sites de mémoriaux soviétiques démantelés est interdit tout comme les rassemblements dans les cimentières.
La contribution soviétique à la Victoire absente d’un clip du Parlement européen
Toujours sur le front mémoriel, et sur fond de conflit en Ukraine, le Parlement européen a diffusé un clip à l’occasion de sa célébration du 80e anniversaire de la défaite de l’Allemagne nazie, qui s’est déroulée le 7 mai.
Une vidéo mettant l’accent sur le débarquement anglo-américain sur les plages normandes ainsi que le soulèvement du ghetto de Varsovie, ou encore un discours de Ronald Reagan au Parlement européen donné à l’occasion du 40e anniversaire de la victoire en Europe.
On peut ainsi y voir des images de Churchill, de Parisiens brandissant des drapeaux américains et britanniques ou encore belges, le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, des mémoriaux dédiés au mur du ghetto de Varsovie ou à ses héros, mais aucune allusion n’est présente - quelle qu’elle soit - à l’Union soviétique qui a pourtant fourni la plus large contribution à la défaite des forces hitlériennes.
Parallèlement, plusieurs responsables européens ont critiqué les dirigeants ayant pris part aux festivités à Moscou. Une présence en Russie qualifiée de « honte » par le Premier ministre polonais Donald Tusk lors d’une conférence de presse à Nancy. Une critique à l’endroit de certains dirigeants, reprise notamment par Kaja Kallas qui affirmait depuis la ville ukrainienne de Lvov que ces derniers étaient « du mauvais côté de l’Histoire ».