Une étude publiée le 8 mai 2025 dans la revue The Lancet met en lumière l’ampleur des violences sexuelles subies par les enfants et adolescents à l’échelle mondiale. Menée par des chercheurs de l’université de Washington à Seattle et financée par la Fondation Bill-et-Melinda-Gates, cette analyse s’appuie sur des données de l’OMS et des Nations Unies, couvrant 204 pays de 1990 à 2023. Les résultats sont terrifiants : 18,9 % des femmes et 14,8 % des hommes ont été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans. Ces chiffres, stables depuis 1990, masquent d’importantes variations géographiques.
Des disparités selon les territoires
En France, pays actuellement secoué par l’affaire Bétharram, environ une femme sur quatre (26 %) et 13,8 % des hommes ont été touchés, des chiffres supérieurs à la moyenne de l’Europe de l’Ouest (20,7 % pour les femmes). Aux États-Unis, 27,5 % des femmes et 16,1 % des hommes sont concernés, tandis qu’en Inde, le taux grimpe à 30,8 % pour les femmes.
Les écarts sont encore plus frappants dans certains pays : 42,6 % des femmes aux Îles Salomon contre 6,9 % au Monténégro, et 28,3 % des hommes en Côte d’Ivoire contre 4,2 % en Mongolie. Ces données, bien qu’alarmantes, sous-estiment probablement la réalité. Les chercheurs soulignent la rareté des informations disponibles et les difficultés à mesurer ces violences, souvent taboues et sous-déclarées. Ils appellent à une collecte de données plus rigoureuse pour mieux cibler les efforts de prévention. Car les conséquences sont lourdes : troubles dépressifs, anxiété, addictions, problèmes de santé à long terme et un épanouissement limité, marqué par des difficultés scolaires et économiques.
La première Conférence ministérielle mondiale sur l’élimination de la violence envers les enfants, tenue en novembre 2024 à Bogota, a rappelé l’urgence d’agir. Protéger les jeunes et atténuer les effets à long terme de ces violences est un « impératif moral », insistent les auteurs. Ces chiffres interpellent et exigent une mobilisation mondiale pour briser le silence et renforcer la prévention.