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Le Royaume-Uni et l’Inde ont finalisé un accord de libre-échange après trois années de négociations

Londres et New Delhi ont finalisé le 6 mai un vaste accord de libre-échange. Il s’agit du traité commercial le plus important signé par Londres depuis le Brexit. Ce partenariat vise à stimuler les échanges bilatéraux en supprimant les droits de douane sur une majorité de produits.

Le Royaume-Uni et l’Inde ont conclu le 6 mai un traité de libre-échange qui marque une étape majeure dans la redéfinition des partenariats commerciaux du Royaume-Uni depuis sa sortie de l’Union européenne. Cet accord, qualifié « d’ambitieux et mutuellement bénéfique » par le Premier ministre indien Narendra Modi, devrait augmenter les échanges bilatéraux de 25,5 milliards de livres par an d’ici 2040, selon The Guardian.

Ce traité prévoit la suppression ou la réduction des droits de douane sur 90 % des lignes tarifaires britanniques exportées vers l’Inde, et sur 99 % des exportations indiennes vers le Royaume-Uni. Les produits les plus concernés sont les spiritueux, les véhicules haut de gamme, les dispositifs médicaux, les produits cosmétiques, ainsi que l’équipement électrique. À titre d’exemple, les taxes sur le whisky écossais, fixées à 150 %, seront réduites progressivement jusqu’à 40 % sur dix ans, indique la BBC.

Accès aux marchés et mesures de mobilité
L’accord inclut également un quota permettant l’exportation de 22 000 véhicules électriques haut de gamme britanniques à des tarifs douaniers réduits. En échange, l’Inde bénéficiera d’un accès élargi au marché britannique pour ses véhicules à bas coût. Le secteur automobile britannique, durement touché par les surtaxes américaines, espère un nouvel essor avec ce partenariat. Selon le Financial Times, les entreprises britanniques auront aussi accès à environ 40 000 marchés publics indiens estimés à 38 milliards de livres par an.

Autre point clé du traité, la convention sur la double contribution sociale permettra aux travailleurs indiens détachés au Royaume-Uni – et inversement – d’être exemptés de cotisations sociales pendant trois ans. Cette disposition, qualifiée de « victoire inédite » par New Delhi, a provoqué une vive réaction de l’opposition britannique. Kemi Badenoch, ex-ministre du Commerce, a dénoncé un « système de taxation à deux vitesses ».

Un accord stratégique dans un contexte mondial tendu
Sur le plan des services, des ouvertures ciblées sont prévues, notamment dans les domaines de l’ingénierie, des technologies de l’information, de l’architecture et des services professionnels.

La signature du traité intervient dans un contexte de tensions autour des mesures protectionnistes des États-Unis. Selon Politico, les hausses de droits de douane imposées par Donald Trump ont accéléré la volonté des deux pays de sécuriser un accord bilatéral. Ce partenariat représenterait une réponse stratégique au recul du libre-échange imposé par Washington.

La ratification officielle du traité prendra jusqu’à un an. En attendant, les deux gouvernements s’accordent pour dire que ce texte renforcera leurs liens économiques tout en ouvrant la voie à de nouvelles coopérations. Narendra Modi a invité Keir Starmer en Inde pour signer formellement l’accord, une étape qui confirmera le tournant pris par le Royaume-Uni, désormais tourné vers l’Asie et non vers l’Europe ou les États-Unis.