Ce 5 mai, les deux grands partis allemands, l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) et le Parti social-démocrate (SPD), ont signé l’accord de coalition qui fixe les bases de leur action commune. La composition du nouveau gouvernement a été rendue publique. Friedrich Merz (CDU) prendra officiellement ses fonctions de chancelier le 6 mai, succédant à Olaf Scholz.
La CDU/CSU prend en charge la chancellerie, le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intérieur. Le nouveau chef de la diplomatie allemande est Johann Wadephul, proche de Merz. C’est la première fois depuis près de 60 ans que le chancelier et le ministre des Affaires étrangères viennent du même parti. La CDU/CSU veut ainsi renforcer la cohérence de la politique extérieure allemande, avec notamment la création d’un Conseil de sécurité nationale directement rattaché à la chancellerie. Le nouveau ministre de l’Intérieur, un chrétien-social bavarois, prévoit un durcissement de la politique migratoire, notamment des contrôles renforcés aux frontières, ce qui suscite des critiques, en particulier en Pologne.
Le SPD, de son côté, garde plusieurs ministères importants. Il comptera sept ministres dans le gouvernement. Boris Pistorius reste ministre de la Défense, avec un budget historique pour moderniser l’armée allemande. Il est chargé d’un grand programme de réarmement, visant aussi à rendre l’Allemagne moins dépendante militairement des États-Unis. Le SPD obtient également le ministère des Finances, confié à Lars Klingbeil, qui gérera un fonds de 500 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures du pays. Enfin, l’ancienne présidente du Bundestag, Barbel Bas, devient ministre des Affaires sociales.
Le 2 mai, quelques jours avant l'investiture de Friedrich Merz comme chancelier, l’agence allemande de renseignement intérieur (BfV) a classé le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) comme organisation d’extrême droite. Elle accuse l’AfD, fondée en 2013, de menacer l’ordre démocratique avec une vision ethniciste incompatible avec la Constitution. Le parti est accusé de nier l’inviolabilité de la dignité humaine. Cet événement a suscité des réactions variées dans le pays ainsi qu’à l’international.
« Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie déguisée », a notamment réagi le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, dans un message posté sur X, appelant les autorités allemandes à faire « marche arrière ». « Interdire l'AfD centriste, le parti le plus populaire d'Allemagne, serait une attaque extrême contre la démocratie », a déclaré une dizaine de minutes plus tard Elon Musk.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a également commenté les mesures prises par les autorités allemandes à l'encontre des forces qui vont à l'encontre du discours dominant, faisant allusion à la décision prise contre le parti Alternative pour l’Allemagne : « Le paysage politique européen est plein de différentes mesures restrictives prises aux dépens des personnalités et des forces politiques qui expriment des points de vue divergents de ceux des groupes dominants ».