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Le Pentagone envisage le déploiement d’une chaîne de plateformes anti-Daesh à travers le monde

Le Pentagone souhaite que la Maison Blanche approuve la mise en place d’une série de nouvelles bases militaires à travers l’Afrique, l’Asie du Sud et le Moyen-Orient qui serviront de plaques tournantes pour les missions anti-terroristes.

Le New York Times rapporte que des responsables militaires du département de la Défense américain veulent créer un réseau de bases pour servir «aux forces d’opérations spéciales et aux agents de renseignement qui vont mener des missions antiterroristes» contre des groupes tels que Daesh. Ce qui assurera une présence militaire durable des Etats-Unis dans plusieurs régions d’outre-mer.

Le but, selon la publication, est de restreindre l’expansion de Daesh et de ses groupes affiliés dans le monde, à l’extérieur de la Syrie et de l’Irak. Les bases proposées seront utilisées pour recueillir des renseignements et effectuer des frappes contre les djihadistes alors que plusieurs groupes radicaux à travers le monde prêtent allégeance aux tactiques de Daesh.

Selon des sources du NYT dans l’administration Obama, la proposition prévoyant la nouvelle stratégie pour combattre Daesh a été présentée par le général américain Martin E. Dempsey juste avant qu’il quitte son poste de Président du Comité des chefs d'États-majors interarmées des États-Unis.

Des responsables américains proches du dossier, interviewés par le journal, ont indiqué que la nouvelle orientation souhaitée par la ministère de la Défense a rencontré la résistance de la part des législateurs qui s’opposent à l’expansion de la présence américaine outre-mer. Le secrétaire de la Défense Ashton Carter a fait référence aux discussions qui ont eu lieu autour de la proposition.

«Comme nous ne pouvons pas prédire l’avenir, ces nœuds régionaux, de Moron en Espagne jusqu’à Jalalabad en Afghanistan, nous servirons de bases avancées pour répondre à toute une série de crises, terroristes et autres», a expliqué le secrétaire américain à la fin du mois d’octobre. «Cela permettra une réponse unilatérale aux crises, par des opérations antiterroristes, ou des frappes sur des cibles de haut niveau».

Selon les personnes interrogées, si la Maison Blanche donne le feu vert à cette proposition, chacun des hubs opérationnels accueillerait un contingent de forces spéciales américaines, de 500 à 5 000 hommes, et couterait aux contribuables de «quelques» à «plusieurs millions de dollars» chaque année. Toute installation de ces unités spéciales nécessiterait la permission du pays d’accueil.

La proposition en est toujours à ses premiers pas mais elle reste le sujet de vifs débats, ont fait savoir les responsables au New York Times, y compris cette semaine, lors d’une rencontre du cabinet du président Barack Obama à la Maison Blanche.

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Est-ce que la proposition vise à créer des tensions ?

Pour l’ancien responsable de la CIA Larry Johnson, interrogé par RT, «cela peut créer sans le vouloir des tensions le long de la frontière entre les pays». D’après lui, le Pentagone a échoué à prendre en compte les complexités qui apparaitront si ces plateformes antiterroristes sont déployées.

Larry Johnson a aussi annoncé avoir des doutes sur la nouvelle approche discutée par les hauts représentants de Washington, la qualifiant d’«absurde».

«La stratégie utilisée avec les forces d’opérations spéciales lors des 12 dernières années, à mon avis, a largement échoué», a souligné l’interrogé. «Pourquoi je dis “échouer”? Si on jette un coup d’œil sur le nombre d’attaque terroristes, le nombre de victimes, les pertes infligées par les groupes terroristes ainsi que le nombre de pays où ces combattants sunnites islamistes opèrent, leur nombre a augmenté mais pas diminué. Ils se sont propagés», a-t-il conclu.