Il suffit parfois d’un simple message. Le 9 avril, le président américain Donald Trump écrivait sur Truth Social : « C’est le meilleur moment pour acheter !!! DJT ». Quelques heures plus tard, il annonçait une réduction des nouveaux droits de douane sur la plupart des pays, à l’exception de la Chine, avec un taux de base fixé à 10 %.
Les marchés ont immédiatement réagi : le Nasdaq a bondi de près de 12 %, le S&P 500 de 9,5 %, et le Dow Jones a grimpé de 8 %. Wall Street n’avait pas vu ça depuis longtemps. Faut-il y voir le flair du président ou un simple hasard de calendrier ?
Dix-neuf élus démocrates de la Chambre des représentants ont adressé une lettre au président de la « Securities and Exchange Commission » (SEC), Paul Atkins. Ils ont demandé l’ouverture d’une enquête sur de possibles délits d’initié ou manipulations de marché liés à cette séquence. La lettre a également été envoyée à l’inspectrice générale de la SEC, Deborah Jeffrey, et au chef du « Government Accountability Office », Gene Dodaro.
« Étant donné l’incertitude du moment où le président a décidé de suspendre les droits de douane, et le fait qu’il a convoqué plusieurs réunions durant cette période (y compris avec la participation de membres du Congrès), la question reste ouverte de savoir qui a accès à ce matériel confidentiel et aux informations influant sur le marché », indique la lettre.
De son côté, la Maison Blanche a nié toute manœuvre. Kush Desai, son porte-parole, a répondu dans un communiqué : « C’est la responsabilité du président américain de rassurer les marchés et les Américains à propos de leur sécurité économique face à l’alarmisme incessant des médias ». Il a ajouté : « Les Démocrates ont pesté pendant des décennies contre la triche de la Chine alors que là, ils jouent à des jeux partisans, au lieu de célébrer les actions décisives d’hier du président Trump, destinées à acculer enfin la Chine ».
D’après le Washington Post, ce genre d’affaire est d’abord examiné par les bourses elles-mêmes, comme le Nasdaq ou le New York Stock Exchange. En cas d’activité suspecte, elles transmettent leurs analyses à la SEC, qui peut ouvrir une enquête. Le problème ici, selon plusieurs experts cités par le quotidien américain, c’est qu’aucun nom ne circule. Et que l’appel à acheter était, finalement, trop vague pour constituer une infraction.
« Nos lois sur les valeurs mobilières interdisent toute forme de fraude ou de manipulation mais il est souvent difficile de prouver qu’il y en a », a déclaré James Angel, le professeur de finance à l’université de Georgetown. « Je doute que les régulateurs s’en prennent à quelqu’un qui dit que c’est le bon moment pour acheter », a-t-il également indiqué.