Selon le tribunal de la ville de Wuppertal, à l'Ouest de l'Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), silloner les rues de la ville et les abords d'établissements de divertissements dans des uniformes oranges fluots avec l'inscription «police de la charia» ne constitue visiblement pas un délit.
La justice a en effet rejeté la plainte de nombreux habitants qui dénonçaient des pratiques de prosélytisme oppressant dans les rues de la ville car «le port de gilets oranges de sécurité n'est pas une violation de la loi» et que le message qui y est inscrit «ne constitue pas une intimidation ou une incitation à la haine».
De plus, le mot «police» peut être utilisé puisque les gilets ne peuvent être confondus avec un authentique uniforme des forces de l'ordre.
Le groupes de jeunes hommes faisant partie de la mouvance salafiste de l'Islam sunnite ultra-conservateur a attiré l'attention des autorités de la ville en septembre dernier après qu'il ont été vus à plusieurs reprises en train de prêcher dans des lieux publics incitant la population à ne pas se livrer à «de mauvaises habitudes» telles que consommer de l'alcool, de la viande de porc, de jouer à des jeux d'argents, visionner de la pornographie etc.
Sur un des tracts qu'ils distribuaient et collaient un peu partout dans la ville, on peut voir les images d'un cochon, d'une bouteille de vin et même d'une croix chrétienne toutes barrées et accompagnées de l'inscription «Allah voit tout, il n'y a qu'une seule voie».
Leurs actions avaient provoqué un immense tollé public à la fois des résidents locaux et des politiciens qui ont rejeté l'utilisation de la charia en Allemagne.
«Nous ne tolérerons pas une justice parallèle illégale», a averti le ministre de la Justice Heiko Maas à l'époque.
«La charia n'est pas tolérée sur le sol allemand» a indiqué le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, tandis que le ministre de l'Intérieur de Bavière Joachim Herrmann a décrit les actions de la «police de la charia» comme une «attaque directe par les salafistes sur [notre] état de droit».
Au début du mois d'août de cette année, le ministère public de Wuppertal avait déposé une plainte contre neuf salafistes, âgés de 24 à 35 pour «violation de l'interdiction sur les uniformes».
L'accusation a tenté de faire valoir que le port d'inscription «police» sur des gilets de sécurité était une infraction pénale et que l'uniformité du code vestimentaire des jeunes gens constituait un uniforme.
Mais la décision de la cour mercredi 9 décembre a annoncé que seuls les symboles de violence tels que les insignes ou représentations et emblèmes de groupes terroristes connus sont interdits.
Tout en rejetant les accusations criminelles portées contre le groupe, le tribunal a déclaré qu'il portera des accusations contre le leader du groupe de 34 ans Abou Adam Sven Lau d'infractions à la loi sur la liberté de réunion.