Depuis la chute du gouvernement de Bachar el-Assad en décembre 2024, la Syrie est devenue un théâtre de rivalités exacerbées entre puissances régionales, notamment Israël et la Turquie.
En avril 2025, ces tensions ont atteint un nouveau pic, marquées par des frappes israéliennes et des accusations croisées, dans un contexte où les deux pays cherchent à façonner l’avenir du pays à leur avantage. Les raisons de ce conflit sont multiples.
Pour la Turquie, dirigée par Recep Tayyip Erdogan, la Syrie représente une opportunité stratégique. Après avoir soutenu des groupes rebelles comme Hayat Tahrir el-Cham (HTC), qui a renversé Assad, Ankara vise à consolider son influence. Selon des rapports d’avril 2025, la Turquie négocie avec le gouvernement transitoire syrien, sous la houlette d’Ahmed el-Chareh, pour établir des bases militaires, notamment aériennes, à Palmyre ou près de Damas.
Des ingénieurs turcs tués dans une frappe israélienne
Cette ambition inquiète Israël, qui y voit une menace pour sa sécurité. Erdogan a déclaré le 6 janvier 2025 : « Nous ne permettrons pas que la Syrie soit divisée », un avertissement perçu comme visant à la fois les Kurdes et les incursions israéliennes dans le Golan syrien. La Turquie cherche aussi à sécuriser ses frontières, à repousser les Kurdes liés au PKK et à favoriser le retour des réfugiés syriens, tout en renouant avec une nostalgie ottomane.
Israël, de son côté, considère la présence turque comme une « ligne rouge». Depuis décembre 2024, Tsahal a intensifié ses frappes en Syrie pour empêcher toute implantation hostile, visant des infrastructures militaires et, en avril 2025, des bases soupçonnées d’accueillir des ingénieurs turcs.
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a menacé le 3 avril : « Si la Turquie ou ses alliés mettent en danger nos intérêts, ils en paieront le prix fort ». Ces opérations visent à maintenir la liberté d’action israélienne dans le ciel syrien, essentielle pour contrer l’Iran, mais elles s’étendent désormais à la Turquie, perçue comme un rival galvanisé par la chute d’Assad.
Les responsables des deux camps alimentent la rhétorique. Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, a accusé Ankara de jouer « un rôle négatif ». Côté turc, Hakan Fidan, ministre des Affaires étrangères, a rétorqué que les frappes israéliennes « affaiblissent Damas » et a nié toute intention de confrontation directe, selon Reuters.
Pourtant, des incidents comme la mort d’ingénieurs turcs dans des raids israéliens début avril ont attisé les tensions. Ces rivalités s’inscrivent dans une recomposition régionale.