Mercredi soir, sur la plus célèbre place d'Argentine, la Plaza de Mayo devant le palais présidentiel de Buenos Aires, des dizaines de milliers de partisans sont venus écouter le discours d'adieu de Cristina Fernández de Kirchner.
Cette dernière a salué les réalisations de son gouvernement durant ses années passées au pouvoir, n'omettant pas de critiquer par la même occasion ses adversaires politiques et notamment Mauricio Macri, le nouveau président fraîchement élu qui sera investi ce jeudi.
«Nous devons avoir une attitude positive pour faire en sorte que ce que nous avons réalisé ne soit pas détruit», a déclaré la présidente sortante devant la foule.
Fait rare, Cristina de Kirchner n'assistera pas à l'investiture de son successeur, ce qui n'était pas arrivé depuis la fin de la dictature militaire en 1983.
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Ces dix derniers jours, les chamailleries des deux rivaux ont défrayé la chronique, Macri voulant que le baton présidentiel lui soit remis en mains au palais présidentiel, tandis que Kirchner insistait pour que la passation de pouvoir se fasse au congrès.
Profitant de la ferveur de la foule, la présidente sortante a même avancé une critique quelque peu étrange, faisant remarquer que la décision de la cour fédérale avait fixé à minuit la fin de son mandat, ce qui laisse l'Argentine «sans président» durant plusieurs heures jursqu'à l'investiture de son rival ce jeudi à midi.
Fernández a également évoqué «des ordres dictés de l'extérieur au pays», faisant référence aux Etats-Unis qu'elle voit comme des ennemis de l'Argentine. Au cours de ses deux mandats, elle a souvent accusé d'autres pays de se mêler des affaires de l'Argentine.
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Avant ses huit années au pouvoir, le prédécesseur de Cristina Fernández de Kirchner n'était autre que son propre mari Nestor Kirchner. Durant 12 ans, le couple a dominé le paysage politique.
Tous deux ont mis en place d'importantes réformes sociales et fait de fortes dépenses dans les programmes sociaux pour la population pauvre tout en adoptant des lois libérales, telles que la légalisation du mariage homosexuel en 2010.
Au niveau de la ligne politique, Fernández et Kirchner ont aligné l'Argentine sur des visions socialistes telles que pratiquées par le président vénézuélien Hugo Chavez et le président bolivien Evo Morales.
Aujourd'hui, un grand nombre des partisans de Cristina Fernández craignent un «retour en arrière politique», déplorant l'arrivée au pouvoir d'un libéral tel que Macri, décrit comme «le président des riches».
La constitution argentine interdisant aux hommes et femmes politiques de briguer trois mandats consécutifs, Cristina Fernández n'a d'autres choix que de se retirer. Pourtant, de nombreuses rumeurs laissent entendre qu'elle pourrait se représenter en 2019.