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Kaja Kallas : en cas de guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe, la Chine «rira»

L'UE se prépare à une guerre commerciale avec les États-Unis suite aux menaces de droits de douane de Donald Trump. Kaja Kallas, chef de la diplomatie de l'UE, prévient que dans cette guerre il n'y aura pas de gagnants sauf la Chine, en soulignant que les droits de douane nuiront à l'emploi et aux consommateurs.

L'Union européenne se prépare à une éventuelle guerre commerciale avec les États-Unis, qui pourraient imposer des droits de douane sur les produits européens, a déclaré Kaja Kallas, chef de la diplomatie de l'UE, le 3 février, à son arrivée à un sommet communautaire informel à Bruxelles. «Nous avons écouté attentivement et nous nous préparons de notre côté», a-t-elle indiqué.

Toutefois, elle a ajouté, que «ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas de gagnants dans les guerres commerciales». «Si les États-Unis commencent une guerre commerciale, c'est la Chine qui rira. Nous sommes très liés les uns aux autres. Nous avons besoin de l'Amérique et l'Amérique a également besoin de nous», a ajouté Kaja Kallas.

La responsable de la diplomatie de l'UE a souligné que d'éventuels «droits de douane» pourraient être «néfastes pour l'emploi de même que pour les clients» car ils provoqueraient des augmentations de prix.

Trump a fait des droits de douane une arme majeure depuis le début de sa présidence. Il a déjà signé un décret imposant des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, et de 10% pour la Chine, qui entrera en vigueur le 4 février. Auparavant, il avait menacé les pays BRICS de droits de douane de «100 %» s'ils abandonnaient l'utilisation du dollar.

Le 2 février, le président américain Donald Trump a déclaré que les États-Unis imposeraient «sans aucun doute» des droits de douane supplémentaires sur les importations en provenance de l'Union européenne. Selon lui, «ça ne saurait tarder». Le président américain s'est plaint de ce que les États membres de l'UE n'achetaient pas de voitures  et de produits agricoles américains. Selon lui, «ils ont vraiment profité de nous».

Les dirigeants européens entendent donner une «réponse ferme» aux États-Unis

Les représentants des pays européens, qui se sont rendus à Bruxelles pour le sommet communautaire, se sont exprimés sur les menaces douanières de Donald Trump. Ainsi, le chancelier allemand Olaf Scholz a souligné la capacité de l'UE à répondre aux taxes américaines par des taxes similaires.

«C'est ce que nous devons et allons faire», a-t-il déclaré, tout en soulignant que les objectifs «doivent être une coopération», car «les États-Unis et l'Europe bénéficient tous les deux de l'échange de biens et de services. Ce sera mauvais pour les États-Unis autant que pour l'Europe si la politique douanière complique les choses». «Ce sera un point important à discuter», a conclu Olaf Scholz.

La Première ministre danoise Mette Frederiksen a pour sa part promis une «réponse ferme» de l'Europe aux droits de douanes de Donald Trump, tout en reconnaissant que «cela affectera les gens ordinaires», «les employés et les entreprises aux États-Unis, en Europe, au Canada et dans d'autres pays concernés». «Nous devons faire tout notre possible pour éviter ces droits de douane et ces guerres commerciales totalement inutiles et stupides», a estimé de son côté le Premier ministre polonais Donald Tusk.

«Mais en même temps, et c’est mon conseil à tous mes collègues ici à Bruxelles, nous devons, lors de nos éventuelles discussions avec nos amis américains, ne pas perdre de vue nos intérêts, ne pas perdre notre respect de nous-mêmes et notre confiance en nous», a-t-il poursuivi, en soulignant que ce n’était «pas facile».

La France n'est pas restée à l'écart du débat sur cette question. Emmanuel Macron a déclaré que l'Europe «devra se faire respecter» si elle est «attaquée» sur le commerce. «Si nous étions attaqués sur les sujets commerciaux, l'Europe, comme une puissance qui se tient, devra se faire respecter et donc réagir», a noté le dirigeant français.