Le siège de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) fermerait le 3 février et la plupart des employés travailleraient à distance, a rapporté le quotidien américain The Washington Post, citant un courriel reçu par le personnel de l'organisation. Elon Musk, entrepreneur américain et directeur du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), a révélé que le processus de démantèlement de l'USAID était en cours.
«L’USAID est une pelote de vers. Il n’y a pas de pomme. Et quand il n’y a pas de pomme, il faut simplement se débarrasser de l'ensemble. C’est pourquoi il faut en finir. Elle n'est pas amendable», a-t-il écrit dans X.
La veille, Elon Musk avait qualifié l'Agence américaine d'«organisation criminelle», tout en soulignant l'implication de l'organisation dans le parrainage de la création d'armes biologiques : «Savez-vous que l'USAID a utilisé vos impôts pour financer la recherche sur les armes biologiques, y compris la COVID-19, qui a tué des millions de personnes ?».
Le président américain Donald Trump a pour sa part déclaré, lors d'une conférence de presse à la base aérienne d'Andrews, près de Washington, le 2 février, que «l'USAID est dirigée par des fous extrémistes. Nous allons les virer et nous prendrons ensuite une décision». Le 20 janvier, il a signé un décret gelant les programmes d'aide internationale de l'USAID pour 90 jours. Pendant cette période, il est prévu d'évaluer leur «efficacité et leur conformité avec la politique étrangère des États-Unis».
Le 1er février, la chaîne américaine CNN a rapporté que le site de l'USAID avait été fermé sans explication. Selon la chaîne américaine, les démocrates du Congrès craignent que Donald Trump ne mette fin à l'USAID en tant qu'agence indépendante et ne la confie au département d'État. Ils insistent sur le fait que le républicain n'a aucune autorité légale pour démanteler l'agence financée par le Congrès et que son travail est vital pour la sécurité nationale, a noté CNN.
Pas de «soutien au développement» mais aux «groupes d'opposition» : l'USAID est critiquée dans le monde entier
Les activités de l'USAID ne sont pas critiquées uniquement aux États-Unis. Ainsi, le président salvadorien, Nayib Bukele, a écrit sur X le 2 février que la plupart des gouvernements ne veulent pas que les fonds de l'USAID soient acheminés vers leurs pays car «ils comprennent où une grande partie de cet argent finit en réalité». «Présentés comme un soutien au développement, à la démocratie et aux droits de l'Homme, la plupart de ces fonds sont en fait acheminés vers des groupes d'opposition, des ONG politisées et des mouvements qui mènent un travail de subversion», a noté le dirigeant du Salvador.
Il a également souligné qu’«au mieux, quelque 10 % des fonds servent à financer de vrais projets qui aident les personnes dans le besoin». Le reste, selon lui, est utilisé pour «la dissidence, pour financer des manifestations et saper les administrations qui refusent de respecter l’agenda mondialiste». «La suppression de cette prétendue aide ne profite pas seulement aux États-Unis ; il s’agit également d’une grande victoire pour le reste du monde», a conclu Nayib Bukele.
La Russie a salué l'initiative de fermeture de l'USAID. Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, l’a qualifiée de «joli coup», en montrant l'espoir «que le notoire État profond ne l’avalera pas entièrement».
USAID : agence d'aide ou couverture pour les agences de renseignement ?
L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) est une agence du gouvernement des États-Unis créée en 1961 pour aider d'autres pays. Bien que l'USAID soit officiellement une agence gouvernementale indépendante, elle rend compte au président, au secrétaire d'État américain et au Conseil de sécurité nationale.
Il a été constaté à plusieurs reprises que l'USAID avait des liens avec les services de renseignement américains. Certains échecs d'employés de l'Agence centrale de renseignement travaillant sous l'égide de l'USAID ont été très médiatisés. En 2013, la Bolivie a cessé de coopérer avec l'USAID, invoquant l'ingérence de l'agence dans les affaires intérieures du pays, et en 2014, un scandale a éclaté au sujet des activités de l'USAID à Cuba, car l'agence recrutait des chanteurs de rap pour déstabiliser la situation dans le pays et saper l'autorité des responsables, selon l'Associated Press, qui a cité des documents découverts.