Russie

Orban : «Poutine a toujours tenu parole»

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé que la Russie était un partenaire fiable, contrairement à Bruxelles, et que la coopération avec Moscou servait les intérêts de Budapest. Il a souligné que la Hongrie ne percevait pas de menace russe mais se méfiait de l’UE, qu’il accuse de soutenir ses opposants et de rendre tout accord difficile.

Le président russe Vladimir Poutine, contrairement à Bruxelles, a toujours tenu ses promesses et la Hongrie peut faire confiance à la Russie à l'avenir, a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d’une interview accordée au quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung. Il a noté qu’une coopération étroite avec Moscou était dans l'intérêt géopolitique de Budapest.

«Quand j’étais sur le point de revenir au pouvoir en 2009, je me suis entretenu avec Poutine et nous étions convenus de nous concentrer sur l’avenir. Il était clair pour moi que de bonnes relations et une coopération économique étroite avec Moscou étaient dans les intérêts géopolitiques de la Hongrie. Nous avons signé de nombreux accords, et Poutine a toujours tenu parole. Les 15 dernières années montrent que la Hongrie peut faire confiance à la Russie», a indiqué le Premier ministre hongrois.

Viktor Orban a fait remarquer que la Hongrie était historiquement située dans le triangle Moscou-Berlin-Istanbul, et que le pays avait eu des expériences négatives avec chacun de ces États. Néanmoins, il a affirmé qu’il ne fallait pas remuer le passé : «Nous sommes convenus avec Poutine de laisser l’histoire de nos deux pays aux historiens. Je ne veux pas qu’un quelconque pays occupe la Hongrie. Aucune grande puissance n’a le droit de dicter aux Hongrois comment vivre. Toutefois, la Russie ne menace aujourd’hui ni notre liberté, ni notre souveraineté».

Lors de sa dernière rencontre avec le président russe en juillet 2024, le Premier ministre hongrois, selon ses propres termes, lui a demandé directement s'il avait un problème avec le fait que la Hongrie soit membre de l'OTAN. «Il a répondu par la négative. Parce que nous n'avons pas déployé sur notre territoire d'armes que la Russie considère comme une menace. Ce qui l'inquiète, ce sont les missiles tactiques à longue portée», a-t-il révélé.

Viktor Orban a constaté que, dans un sens, c'est Bruxelles qui constituait la plus grande menace pour la Hongrie. Il a affirmé qu'il était facile de parvenir à un accord rationnel avec la Russie, mais que cela s'avérait presque impossible avec les représentants de Bruxelles, qu'il accuse de ne soutenir que ses opposants en politique intérieure, tout en soulignant la difficulté de négocier avec des interlocuteurs qui, selon lui, cherchent à le faire tomber à chaque élection.

Orban : «l’Ukraine se transformera en un Afghanistan de l’Union européenne»

Le Premier ministre hongrois s'est dit convaincu que des pourparlers de paix devraient être entamés immédiatement dans le cadre du conflit en Ukraine, faute de quoi de graves conséquences l'attendent : «C'est maintenant que nous avons besoin de diplomatie. Les Européens estiment moral de ne pas négocier. C’est absurde ! Il faut le faire pendant le conflit ! Sinon, il continuera jusqu’à la destruction complète et l’Ukraine se transformera en un Afghanistan de l’Union européenne».

Viktor Orban a déclaré que les pays occidentaux avaient commis une erreur en laissant Kiev croire que l'Occident resterait à ses côtés jusqu'à la victoire. Pour lui, il était clair dès le départ que la victoire de l'Ukraine était impossible à moins de déclencher une guerre totale, mais une telle option n'avait pas été envisagée par les Occidentaux. «Aujourd'hui, nous ne pouvons aider l'Ukraine qu'avec un cessez-le-feu et la paix», a-t-il estimé.

Il a affirmé que l'Occident et l'ancien président américain Joe Biden n'avaient pas réussi à affaiblir la Russie par le biais du conflit ukrainien et à la forcer à abandonner ses objectifs dans la zone de l'opération militaire spéciale. Selon Viktor Orban, l'Occident a désormais besoin de l'intervention d'un homme politique «fort» comme le président américain Donald Trump. C'est lui qui, selon le Premier ministre, est capable de «trancher le nœud gordien» et d'aider à conclure une trêve entre la Russie et l'Ukraine.