Le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est rendu ce 2 février à Panama City pour rencontrer le président panaméen José Raúl Mulino et son ministre des Affaires étrangères, Javier Martinez-Acha. Lors de cette visite officielle, il aurait transmis un avertissement ferme de Donald Trump sur une supposée influence chinoise dans la région et sur le canal. «Le président américain a pris une décision préliminaire selon laquelle l’état actuel de l’influence et du contrôle du Parti communiste chinois sur la région du canal de Panama constitue une menace et une violation du traité de neutralité du canal», a déclaré Rubio, selon un communiqué du département d’État.
Marco Rubio a insisté sur le fait que la situation actuelle était inacceptable pour Washington. «Ce statu quo est inacceptable et, en l’absence de changements immédiats, il obligerait les États-Unis à prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs droits en vertu du traité», a-t-il affirmé.
Il a exprimé de sérieuses préoccupations concernant l’exploitation des ports aux deux entrées du canal par l’entreprise CK Hutchison Holdings, basée à Hong Kong. Il a également pointé du doigt des projets d’infrastructure impliquant des sociétés chinoises, notamment la construction d’un pont à 1,3 milliard de dollars, perçu comme un risque stratégique par Washington.
Le département d’État américain a précisé que la tournée de Rubio en Amérique centrale visait à contrer l’influence chinoise dans la région et à renforcer les relations bilatérales avec plusieurs pays.
Le Panama cède sur l’accord avec la Chine
En réponse aux pressions américaines, le président panaméen José Raúl Mulino a annoncé, après sa rencontre avec Marco Rubio, que son gouvernement ne renouvellera pas sa participation à l’initiative chinoise «Une ceinture, une route (Belt and Road Initiative)», signée en 2017. «Nous étudierons la possibilité de nous retirer plus tôt. De façon certaine, mon gouvernement ne renouvellera pas cet accord», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse retransmise par la télévision panaméenne.
Donald Trump insiste sur le contrôle du canal
Lors de son investiture le 20 janvier, Donald Trump a réaffirmé son intention de «reprendre» le canal de Panama, dénonçant des «frais ridicules» et l’influence chinoise croissante dans la région. «La Chine gère le canal de Panama», a-t-il déclaré, ajoutant que «ce qui s’est passé est terrible pour la sécurité nationale». Trump a insisté sur le fait que les États-Unis devaient récupérer le contrôle de cette voie maritime stratégique, qualifiant sa cession en 1999 de «geste de coopération» et non d’un abandon définitif.
Lors d’un déplacement à la base aérienne d’Andrews le 3 février, Trump a également critiqué la présence de panneaux de signalisation en chinois sur le canal : «70 % de la signalisation est en chinois. C’est une erreur, ce canal n’a pas été conçu pour la Chine».
Ce 2 février, il a averti que « quelque chose de très puissant allait se produire » si le Panama ne répondait pas aux attentes américaines. Toutefois, il a précisé : «Je ne pense pas qu’il sera nécessaire d’envoyer des troupes au Panama».
Le président panaméen tente de calmer le jeu
Malgré la fermeté de Washington, Mulino a cherché à minimiser les tensions en qualifiant sa rencontre avec Rubio de «cordiale et respectueuse». Il a insisté sur le fait que «la souveraineté du Panama n’est pas une question» et qu’aucune négociation sur la propriété du canal ne sera envisagée.
Face aux accusations américaines sur l’influence chinoise, il a indiqué que son gouvernement procédait actuellement à des audits des ports exploités par des entreprises chinoises à proximité du canal.
Selon Politico, Mulino envisagerait même de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies si Trump intensifiait ses pressions sur la souveraineté du canal.