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«Il l'a fait pendant mon discours» : Trump fustige les grâces de dernière minutes accordées par Biden

Dans une décision sans précédent, Joe Biden a utilisé ses derniers instants à la Maison Blanche pour accorder des grâces à des figures publiques controversées, comme Mark Milley et Anthony Fauci, mais aussi à cinq membres de sa famille. Cette série de grâces, qualifiée de «honteuse» par Donald Trump, a immédiatement fait débat.

Quelques instants seulement avant l'investiture de son successeur, Joe Biden a signé le 20 janvier une série de grâces «préventives», étendant cette protection à des personnalités clés, des membres de sa famille et des figures liées à l’enquête sur l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021.

Ces mesures, jugées extraordinaires, visaient à prévenir d'éventuelles représailles politiques et juridiques de son successeur Donald Trump. Parmi les bénéficiaires figurent le général Mark Milley, le Docteur Anthony Fauci, des membres de la commission du 6 janvier, ainsi que cinq membres de la famille Biden.

«Les attaques et enquêtes politiquement motivées portent gravement atteinte à la sécurité et à la réputation des individus ciblés ainsi qu’à celle de leurs familles. Je ne peux, en toute conscience, rester passif face à de telles menaces», s'est justifié Joe Biden dans un communiqué publié sur le site de la Maison Blanche.

Des membres de la famille Biden également protégés

Une partie des grâces controversées concerne cinq membres de la famille Biden : son frère James Biden, son épouse Sara Jones Biden, sa sœur Valerie Biden Owens, le mari de cette dernière, John T. Owens, et Francis W. Biden, un autre frère du président sortant. Joe Biden avait déjà gracié son fils Hunter Biden en décembre 2024, lui évitant notamment une condamnation pour détention illégale d’arme, une décision qui avait provoqué des remous politiques.

Dans son communiqué, Biden a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un aveu de culpabilité pour des actes illégaux, mais d’une manière de contrer ce qu’il appelle «une vendetta politique». «Ma famille a fait l'objet d'attaques incessantes, motivées uniquement par le désir de me discréditer. Malheureusement, je ne crois pas que cela va s'arrêter», a-t-il déclaré.

«Il l'a fait pendant mon discours»

«Je ne savais pas qu'il avait gracié sa famille, parce qu'il l'a fait pendant mon discours», a annoncé Donald Trump aux journalistes lors d'une cérémonie de signatures à la Maison Blanche. Le républicain avait déjà dénoncé un «abus» et «déni de justice» concernant la grâce accordé à Hunter Biden par son père.

Trump a également critiqué l’utilisation de la grâce présidentielle par Biden pour protéger des personnalités comme le général Milley et le Dr Fauci, qu’il accuse de «conspirer contre la nation».

Sur les réseaux sociaux, Trump a intensifié ses attaques en promettant une révision des grâces accordées et en réitérant son intention de pardonner les personnes condamnées pour leur rôle dans l’attaque du Capitole en 2021.

Une décision aux conséquences juridiques et politiques

Ces grâces préventives marquent un précédent dans l’histoire américaine. Contrairement à Gerald Ford, qui avait gracié Richard Nixon en 1974 pour éviter une inculpation imminente, Joe Biden a accordé ces grâces avant même que des accusations officielles ne soient portées contre leurs bénéficiaires.

Les critiques, notamment du camp républicain, dénoncent une instrumentalisation du pouvoir présidentiel. Jesse Binnall, un avocat proche de Donald Trump, a souligné que ces grâces pourraient se retourner contre leurs bénéficiaires. «Une fois graciées, ces personnes ne peuvent plus invoquer le cinquième amendement pour éviter de témoigner dans des affaires potentielles», a-t-il déclaré à CNN.

Une défense pour Milley, Fauci et la commission du 6 janvier

Parmi les bénéficiaires, le général Mark Milley a remercié Joe Biden pour cette protection, déclarant à CNN : «Après plus de quatre décennies de service, je ne veux pas consacrer mes dernières années à défendre ma famille contre des attaques injustifiées». Le Dr Fauci, quant à lui, a souligné que les menaces à son encontre étaient «sans fondement», tout en remerciant Biden d’avoir pris cette initiative.

Les membres de la commission du 6 janvier, tels que Liz Cheney et Adam Kinzinger, ont également été protégés par ces grâces. Cependant, ces derniers ont exprimé une certaine gêne, Cheney déclarant à NBC News : «Bien que je respecte la décision du président Biden, accepter une grâce peut être interprété comme une reconnaissance d’une culpabilité inexistante».

Un geste historique, mais controversé

Cette série de grâces pourrait bien rester l’un des actes les plus controversés de la présidence Biden. Si ses défenseurs y voient un acte de protection contre des abus politiques, ses détracteurs, menés par Donald Trump, y voient une tentative de mettre à l’abri des alliés et des proches sous un vernis juridique.

À l’aube d’un mandat Trump chargé de polémiques, ces décisions pourraient continuer à faire débat dans le paysage politique américain.