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Pologne : accusations d'ingérence russe sans preuve avant l'élection présidentielle

À l'approche de l’élection présidentielle prévue le 18 mai, les autorités polonaises accusent un prétendu «groupe russe» d’essayer d'influencer le processus électoral par des campagnes de désinformation. Ces accusations, toutefois dénuées de preuves concrètes, s'inscrivent dans une rhétorique anti-russe déjà connue.

Le vice-Premier ministre polonais, Krzysztof Gawkowski, a déclaré le 10 janvier sur la chaîne TVN24 qu’«un groupe russe, qui aurait été inspiré et formé par l’agence de renseignement militaire GRU, a été identifié en Pologne. Son objectif serait d’influencer les élections à venir». Ces affirmations, bien que graves, n’étaient étayées d’aucune preuve tangible.

Dans son intervention, Gawkowski a également affirmé que ce groupe aurait diffusé de la désinformation et recruté des individus pour perturber le processus démocratique en Pologne. Il a ajouté : «la Russie mène une cyberguerre contre la Pologne, qui est le pays le plus attaqué de l’Union européenne. Les élections seront un test pour savoir si la démocratie polonaise survivra».

Un contexte électoral marqué par une division interne

En parallèle, la scène politique polonaise s’agite à l’approche des élections. Parmi les figures en lice, Karol Nawrocki, soutenu par le parti conservateur Droit et Justice, défend des positions conservatrices. Rafal Trzaskowski, maire de Varsovie, représente la Coalition civique dirigée par Donald Tusk, tandis que Slawomir Mentzen, porte-voix de la coalition nationaliste Confederation, et Marek Jakubiak, membre des Républicains libres, annoncent également leur candidature. Cette dynamique illustre une compétition électorale tendue où les clivages politiques s’accentuent.

La presse russe, notamment l'agence de presse RIA Novosti, considère ces discours comme une tentative de Varsovie de détourner l’attention des problèmes internes en polarisant l’opinion publique contre un «ennemi extérieur».

Des allégations répétées et infondées

Ces accusations ne sont pas nouvelles. En mai 2024, une cyberattaque avait visé l’agence de presse polonaise PAP, entraînant la publication d’un faux communiqué attribué au Premier ministre Donald Tusk. Varsovie avait alors accusé Moscou sans fournir de preuves, et la Russie avait catégoriquement nié toute implication.

De son côté, l’ambassade de Russie à Varsovie n’a pas réagi aux accusations du vice-Premier ministre polonais, Krzysztof Gawkowski, concernant cette nouvelle prétendue tentative d’ingérence.

La Pologne, devenue un acteur important pour l’OTAN et les États-Unis en raison de son soutien actif à l’Ukraine, se présente comme une cible privilégiée des cyberattaques, selon ses propres déclarations. Cependant, comme le souligne RIA Novosti dans son analyse, les discours alarmistes du gouvernement polonais semblent davantage répondre à une stratégie politique interne visant à consolider le soutien de l’électorat conservateur et eurosceptique.

Moscou continue de dénoncer ces accusations comme infondées et motivées par des objectifs politiques internes.