Un simple chiffre pour montrer l’étendu des dégâts. La «Metropolitan police», force de l’ordre responsable du grand Londres, avait enregistré 24 actes islamophobes la semaine précédant les attentats de Paris. Les sept jours suivant, la même institution en enregistrait 76. Un porte-parole de la police se résignait devant l’ampleur du phénomène : «C’est avec regret que nous l’annonçons, mais cela ne sert à rien de se voiler la face, ce genre de crimes de haine peuvent s’amplifier en cette période difficile.»
La communauté musulmane inquiète
Devant l’augmentation significative des agressions, les musulmans londoniens s’alarment. La police tente de calmer la situation : «Nous savons que la communauté musulmane de Londres est anxieuse. Nous avons mis en place d’avantage de patrouilles et parlons régulièrement avec les lieux de cultes locaux et les leaders de la communauté pour rassurer cette population. Nous gardons un œil sur la situation.»
L’affaire intervient dans le cadre de tensions croissantes avec les musulmans vivant dans la capitale. Les transports ont été, récemment, le théâtre d’actes islamophobes virulents. Le mois dernier, une vidéo a circulé montrant une femme portant un hijab poussée sur les rails du métro alors qu’un train était en approche. Les assaillants ont depuis été inculpés pour tentative d’homicide.
Pour le secrétaire adjoint du Conseil musulman, Miqdaad Versi : «le Royaume-Uni est connu pour le respect d’autrui mais on ne peut éluder le fait qu’une inquiétude concernant l’islamophobie est présente».
En façade, les représentants de la police londonienne font preuve de fermeté, de par une déclaration lapidaire : «Nous ne tolérerons aucun crime raciste.» Ils ajoutent qu'actuellement, 900 enquêteurs investiguent sur ces «crimes de haine». Signe de l’importance du phénomène, ils en appellent aux citoyens pour «dénoncer tout crime de ce type» afin qu’ils puissent «réagir aussi vite que possible».
Miqdaad Versi va même plus loin. Scotland Yard aurait affirmé plusieurs rapports allant dans le sens d’une augmentation des attaques contre les musulmans. Il cite l’exemple d’une mosquée «dans notre capitale cosmopolite», le quartier de Finsbury Park, qui aurait été la cible d’un incendie criminel. Ce que la police a appelé «un crime de haine».
«Nous avons réellement besoin de prendre ces actes au sérieux. Et dans toutes leurs formes, ils devraient être traités de la même manière par le gouvernement. Pour nous donner les moyens de contrer cette vague» analyse Miqdaad Versi.
Les promesses de David Cameron
Récemment, le chef du gouvernement, David Cameron, a promis de s’attaquer à l’islamophobie. Il a même assuré qu’elle ferait l’objet d’une catégorie à part dans l’enregistrement des faits de délinquance. Une première.
Selon Miqdaad Versi, la communauté musulmane craindrait des représailles : «Malheureusement, selon notre expérience, beaucoup de victimes n’ont pas fait le choix de le rapporter aux autorités. Malgré les mauvais chiffres, il semble qu’ils soient sous-estimés.»
Une manifestation anti-islamophobie s’est déroulée ce soir. Elle prenait place à proximité de la mosquée de Finsbury Park. Jeremy Corbyn, le nouveau chouchou de la gauche anglaise était de la partie. Il a dénoncé l’islamophobie, l’antisémitisme et «toutes les formes de racisme».