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Syrie : les États-Unis abandonnent la prime pour l’arrestation d’al-Joulani

Une responsable de la diplomatie américaine a annoncé le 20 décembre que Washington abandonnait la récompense d’une valeur de 10 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation du nouvel homme fort de Damas, Abou Mohammed al-Joulani.

La tête d’Abou Mohammed al-Joulani, leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTC), n’est plus mise à prix par les États-Unis a annoncée lors d’un point presse le 20 décembre la secrétaire d'État adjointe américaine aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf.

«Sur la base de notre discussion, je lui ai dit que nous abandonnions l’offre de récompense» pour son arrestation «en vigueur depuis quelques années», a-t-elle déclaré. Depuis 2017, le Département d’État offrait une récompense pouvant aller jusqu’à 10 millions pour toute information permettant de localiser al-Joulani.

La diplomate américaine a assuré qu’al-Joulani se serait «engagé» à «veiller à ce que les groupes terroristes ne puissent pas constituer une menace à l’intérieur de la Syrie ou à l’extérieur, y compris pour les États-Unis et nos partenaires dans la région». Selon Barbara Leef, le nouvel homme fort de Damas lui est «apparu comme pragmatique».

Interrogé à ce sujet, elle a mis en avant une «décision politique» prise «dans l’intérêt et en accord avec le fait que nous entamons une discussion avec HTC». Barbara Leaf a estimé qu’il serait ainsi «un peu incohérent de mettre une prime sur la tête de cet homme» avec lequel elle discute «des intérêts des États-Unis, des intérêts de la Syrie, peut-être des intérêts de la région».

«Une discussion approfondie» et des «messages positifs»

Lors de ce point presse, celle-ci a commenté les résultats de la délégation qu’elle a emmenée à Damas, la première pour une délégation américaine depuis 2012, évoquant des «messages positifs» reçus.

«Nous avons discuté avec les représentants du gouvernement intérimaire d'un certain nombre de principes approuvés par les États-Unis et les partenaires régionaux. Nous nous félicitons de ces messages positifs. Nous sommes prêts à envisager la mise en œuvre de ces principes, et pas seulement des mots», a-t-elle déclaré.

La diplomate a refusé de s'exprimer sur l'éventuelle levée des sanctions américaines à l'encontre de la Syrie, déclarant avoir eu «une discussion approfondie» sur les questions relatives à la région et à la République arabe.

Relancée sur la thématique par le biais d’une question sur les «dérogations» que les États-Unis pourraient envisager pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire à la Syrie - dans la mesure où le pays est sous sanctions et que HTC est désignée comme organisation «terroriste» par Washington -, la diplomate a assuré que les États-Unis disposaient «déjà de toute la latitude nécessaire pour apporter une aide humanitaire et aider au relèvement rapide».

Fin novembre, les djihadistes syriens menés par HTC ont lancé une offensive majeure à travers le pays, s'emparant de plusieurs grandes villes dont la capitale Damas et provoquant la chute de Bachar el-Assad qui s’est vu accorder l’asile en Russie. Le 8 décembre, HTC a annoncé la formation d'un gouvernement de transition, et Bachar el-Assad, qui dirigeait le pays depuis 2000, a quitté son poste de président le même jour.

Ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, HTC, qui affirme avoir rompu avec le djihadisme, reste classé «terroriste» par plusieurs capitales occidentales. Le 15 décembre, les États-Unis avaient affirmé avoir établi «un contact direct» avec le nouveau pouvoir à Damas.