Le 16 décembre, le Parlement suisse a annoncé que le secrétariat d'État à l'économie (Seco) avait renforcé les règles relatives à la vente d'armes légères et de munitions à des entreprises privées à l'étranger. Selon un communiqué publié sur le site du Parlement, cette mesure a été prise après que l’entreprise polonaise UMO SP a vendu à l'Ukraine plusieurs centaines de milliers de munitions fabriquées par Swiss P Defence pour des fusils de précision. «Selon l'un des rapports publiés dans les médias le mois dernier, 645 000 cartouches pour fusils de précision de deux calibres fabriqués par l'entreprise Swiss P Defence sont entrées en Ukraine en juillet 2023 par l'intermédiaire de la société polonaise UMO SP», indique le site.
Ces fournitures avaient été révélées en novembre 2023, après quoi le secrétariat d'État à l'Économie avait ensuite mené des clarifications. Selon le communiqué, ces actions «contreviennent à l'embargo sur les biens d'équipement militaires et au principe de la Suisse de ne pas livrer d'armes à des États en guerre» car, selon un contrat-cadre, la société polonaise ne pouvait vendre des munitions sur le territoire polonais qu'à «des autorités publiques, des sociétés de sécurité privées, des fabricants d'armes ou des organisations sportives». En conséquence, la Suisse a suspendu toutes les exportations vers l’entreprise polonaise «jusqu'à nouvel ordre».
Dans un communiqué le Seco a indiqué qu'il avait adopté de nouvelles conditions pour l'exportation d'armes et de munitions. Les entreprises doivent désormais joindre une déclaration écrite du destinataire privé à leur demande d'exportation. En outre, le client doit «certifier que les armes et munitions acquises seront revendues uniquement sur le territoire national du pays où il est établi ou à des destinataires finaux dans des pays tiers explicitement spécifiés». Selon le communiqué, ces mesures ont été prises afin de «renforcer les garanties et à réduire les risques de détournement lorsque le destinataire final est une firme privée».
La Suisse a perdu sa neutralité, selon la Russie
Cet été, la Suisse a déclaré qu'elle ne pouvait pas fournir d'armes à l'Ukraine en raison de sa neutralité mais qu'elle pouvait apporter une aide humanitaire, ce qui l'a amenée à allouer 5 millions de francs à la reconstruction du pays. Les 15 et 16 juin, la Suisse a également organisé une conférence sur la paix en Ukraine sur la base de la «formule Zelensky». Toutefois, la Russie n'a pas été invitée à ce sommet.
Le 5 juin, Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe, a déclaré que la Suisse avait perdu sa neutralité en s'alignant davantage sur l'Occident sur la question ukrainienne. Selon Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, la Suisse a adopté une «position ouvertement anti-russe», raison pour laquelle «elle n'est plus digne de confiance».