La diplomatie chinoise a annoncé, le 10 décembre, avoir convoqué à Dubaï une réunion des représentants des «cinq» puissances nucléaires, le P5, dont la Chine assure la présidence tournante. Une réunion à laquelle ont assisté les représentants des États-Unis, de la Russie, de la France, du Royaume-Uni et de la Chine. «Il a été convenu que cette discussion était opportune pour améliorer la compréhension des doctrines nucléaires de chacun et éviter les malentendus et les erreurs de calcul», a précisé le ministère chinois des Affaires étrangères.
«Toutes les parties ont eu des échanges francs sur la politique nucléaire et d'autres questions. Il a été décidé qu'une telle discussion était opportune car elle permet aux pays de mieux comprendre la position de l'autre sur les armes nucléaires, d'éviter les malentendus et les évaluations erronées», a indiqué le 10 décembre lors d'un point presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Selon le quotidien russe Kommersant, qui rappelle que ce format de discussions à huis clos a été créé en 2009 à l'initiative de la Grande-Bretagne pour soutenir le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ce délai de plusieurs jours entre la rencontre et l'annonce de sa tenue s'expliquerait par la longueur des débats autour du communiqué final.
Un travail qui n'a «jamais été interrompu»
Soulignant qu'il n'y avait «aucun élément de sensationnalisme» dans l'interaction des membres du P5, le numéro deux de la diplomatie russe, Sergueï Riabkov, a déclaré le 12 octobre à l'agence TASS que les travaux conjoints de ces cinq pays nucléaires, également membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, n'avaient «jamais été interrompus».
«Nous avons l'intention de continuer à utiliser cette plateforme pour transmettre les approches de principe et les signaux importants de la Russie sur l'actualité de la sécurité internationale et les risques stratégiques créés par les pays occidentaux qui élèvent le niveau de danger nucléaire», avait déclaré deux jours plus tôt la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, à l'issue de la réunion du P5 à New York.
Une réunion qui se tient après une «série d'activités liées au nucléaire»
Dans la presse américaine, le quotidien Newsweek a souligné que cette réunion avait eu lieu «après que les pays du P5 se soient engagés dans une série d'activités liées au nucléaire, notamment la Russie», évoquant le conflit en Ukraine et la frappe menée par la Russie à Dniepropetrovsk à l'aide d'un missile balistique.
Un missile que le président russe envisage de déployer en Biélorussie, selon une déclaration faite le 6 décembre, dans la foulée de la signature d'un accord de sécurité entre Minsk et Moscou, incluant, entre autres, les armes nucléaires tactiques russes déployées en Biélorussie.
Le président russe avait signé le 19 novembre un décret approuvant la mise à jour de la doctrine nucléaire du pays. Annoncée fin septembre, celle-ci élargit les possibilités de recours à l’arme nucléaire, considérant notamment comme une attaque conjointe l’agression menée par un État non nucléaire soutenu par une puissance nucléaire.
Un décret énumère les principes fondamentaux de la doctrine nucléaire. S’il consacre le statut «défensif» de l’arme nucléaire, «mesure extrême et nécessaire», celui-ci en étend également les possibilités de recours. La dissuasion nucléaire vise à garantir qu’un «adversaire potentiel comprend le caractère inévitable de représailles en cas d'agression contre la Russie et (ou) ses alliés», souligne le texte.