Un décret, signé par Vladimir Poutine et publié ce 19 novembre énumère les principes fondamentaux de la doctrine nucléaire. S’il consacre le statut «défensif» de l’arme nucléaire, «mesure extrême et nécessaire», celui-ci en étend également les possibilités de recours. La dissuasion nucléaire vise à garantir qu’un «adversaire potentiel comprend le caractère inévitable de représailles en cas d'agression contre la Russie et (ou) ses alliés», souligne le texte.
Au-delà d’une riposte à une attaque nucléaire, l’agression de tout État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un pays nucléaire, sera dorénavant considérée comme une «attaque conjointe» contre la Russie. Par ailleurs, une réponse nucléaire russe devient possible en cas de «menace critique» contre sa souveraineté, même avec des armes conventionnelles, en cas d'attaque contre la Biélorussie ou encore dans le cas de «lancement massif» de missiles de croisière ou de drones franchissant les frontières russes.
Comme précisé par l’agence Ria Novosti, ce texte entre en vigueur à la date de sa signature : ce 19 novembre.
La doctrine nucléaire : un «instrument vivant», selon Poutine
Le 25 septembre, lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine avait annoncé que des «clarifications» de la doctrine de recours à l’arme nucléaire avaient été proposées. Un mois plus tôt, depuis le Forum économique de Saint-Pétersbourg, le chef d’État russe avait prévenu que des changements dans la doctrine nucléaire n’étaient «pas exclus», déclarant que celle-ci était un «instrument vivant».
«Il est proposé de considérer comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie l'agression de la Russie par un pays non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d'un pays nucléaire», avait-il déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité russe.
«Nous envisagerons cette possibilité si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre État», a-t-il ajouté, avant de préciser faire référence «à l'aviation stratégique et tactique, aux missiles de croisière, aux drones, aux avions hypersoniques et autres appareils aériens».
Ces déclarations survenaient au moment où Kiev entendait convaincre Washington de lui octroyer son feu vert pour effectuer des tirs dans la profondeur du territoire russe à l’aide de missiles longue portée fournis par les chancelleries occidentales. Une autorisation qui, selon un article du New York Times publié le 17 novembre, a été accordée par Joe Biden.
Face à cette éventualité, le président russe et l’ambassadeur russe à l’ONU avaient mis en garde, également en septembre, qu’une telle autorisation serait considérée comme «une implication directe» des pays de l’OTAN dans le conflit en Ukraine.