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Les États-Unis envisageraient un renforcement de leur arsenal nucléaire

L’administration Biden prévoit des options pour accroître les capacités nucléaires des États-Unis, selon WSJ. La décision finale sur ce renforcement sera laissée au président élu Donald Trump après son investiture en janvier 2025.

Alors que les tensions internationales autour des armements nucléaires s’intensifient, les États-Unis se préparent à une éventuelle augmentation de leur force de frappe nucléaire, selon un article du Wall Street Journal. Un rapport déclassifié, intitulé «Nuclear Weapons Employment Planning Guidance», indique que Washington pourrait devoir ajuster ses capacités nucléaires, leur structure et leur taille pour répondre aux défis posés par ses adversaires.

D’après le journal américain, les responsables de l’administration Biden justifient cette démarche par le renforcement des arsenaux nucléaires de la Russie, de la Chine et de la Corée du Nord. Washington accuse Moscou de «renoncer au contrôle des armements», tandis que Pékin poursuit une expansion rapide de ses capacités nucléaires, estimées à 1 000 ogives opérationnelles d’ici 2030. La Corée du Nord est également citée pour son programme d’armement croissant.

Cependant, le Wall Street Journal souligne que cette position américaine ne fait pas l’unanimité. Des voix s'élèvent pour dénoncer une escalade inutile. «Plutôt que de réduire les tensions, cette stratégie alimente une nouvelle course aux armements», a déclaré Hans Kristensen, analyste à la Federation of American Scientists, cité par le journal.

Pour certains observateurs interrogés par le journal américain, cette posture reflète une tentative des États-Unis de maintenir leur suprématie mondiale face à des nations qui cherchent à s’affirmer, notamment la Russie et la Chine. Moscou, bien qu'accusée de suspendre le traité New START, continue de respecter ses limites sur les ogives stratégiques, comme l’a confirmé le département d'État en janvier, rapporte le journal américain.

Selon l’article, l’administration Biden a adopté une approche ambiguë : tout en préconisant une modernisation «meilleure mais pas nécessairement plus nombreuse», elle a discrètement renforcé certains programmes. Donald Trump héritera de ces choix et pourra décider d’aller plus loin. Les options qui lui seront présentées incluent l'ajout d’ogives aux missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III; le déploiement accru d’armes nucléaires sur des sous-marins et la reprise du développement d’un sous-marin lanceur de missiles de croisière annulé par Biden mais rétabli par le Congrès.

Des tensions exacerbées

La détérioration des accords de contrôle des armements aggrave la situation, ajoute le WSJ. Le traité New START, qui limite les arsenaux stratégiques des États-Unis et de la Russie, expirera en 2026 sans qu’un nouvel accord ne soit en vue. Washington accuse la Russie de refuser de négocier, mais Moscou estime que les sanctions occidentales et la politique américaine rendent tout dialogue impossible.

Selon le journal, la Chine continue de repousser les invitations américaines à des discussions sur le nucléaire, préférant développer son arsenal en toute autonomie.

Pour de nombreux observateurs, cette posture américaine illustre un déséquilibre global. Alors que les États-Unis critiquent les avancées nucléaires de leurs rivaux, ils continuent eux-mêmes d’investir massivement dans leurs capacités militaires. «Nous devons nous demander si l’expansion de l’arsenal nucléaire américain répond réellement aux menaces actuelles ou si elle ne fait qu’aggraver une instabilité mondiale déjà fragile», a conclu Hans Kristensen, cité par le Wall Street Journal.

Les États-Unis et la Russie possèdent les arsenaux nucléaires les plus importants au monde, représentant plus de 90% de l'ensemble des armes nucléaires. Les tensions, notamment au sujet de l'Ukraine, ont porté les relations bilatérales à un niveau historiquement bas, ce qui s'est répercuté sur les pourparlers relatifs au contrôle des armements.

Alors que Joe Biden a déclaré en octobre que les États-Unis étaient prêts à engager des négociations nucléaires avec la Russie sans conditions préalables, Moscou a qualifié cette déclaration de «tromperie» destinée à marquer des points politiques en faveur des démocrates. Les responsables russes ont également estimé qu’il était impossible d’aborder une telle question sans considérer l’ensemble du paysage sécuritaire global.

Alors que le mandat de Joe Biden touche à sa fin, la question du renforcement de l’arsenal nucléaire demeure en suspens. Selon le Wall Street Journal, la décision finale de Donald Trump pourrait redéfinir l’avenir de la posture nucléaire américaine, dans un contexte où les tensions internationales ne cessent de croître, rendant un retour au dialogue sur le contrôle des armements encore plus complexe.