116 pays ont voté en faveur de la résolution russe visant à lutter «contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée», lors d’une séance plénière de l’Assemblée générale de l’ONU tenue le 11 novembre.
Le texte a été adopté, après amendement, par 116 voix pour, 54 voix contre et 11 abstentions, précise un compte rendu publié sur le site de l’ONU, soulignant que la résolution n’avait pas obtenu les voix des pays occidentaux. Parmi ces pays ayant rejetés cette résolution contre la glorification du nazisme figure notamment l'Allemagne.
La résolution russe a été en revanche soutenue par des pays du Sud global, dont un grand nombre de nations africaines; le compte rendu de l’ONU citant l’Afrique du Sud, la Chine, l’Arabie saoudite, la Biélorussie, Cuba et l’Égypte, mais aussi le Nicaragua, la Syrie, la Corée du Nord ou encore le Sénégal et le Venezuela.
Pour justifier leur vote contre la résolution, les pays de l’Union européenne ont allégué que la Russie visait à promouvoir à travers ce texte «sa propre version déformée de l’histoire sous couvert de lutte contre le néonazisme». Une position partagée par d’autres alliés occidentaux, notamment les États-Unis et la Suède, qui parlait au nom des États baltes et nordiques.
Le texte n’a ainsi pas obtenu les voix des pays occidentaux «à l’exception notable d’Israël», pointe le compte rendu de la plénière, expliquant que l’État hébreu s’était prononcé en faveur du texte «au nom de la mémoire de la Shoah», tout en soulignant que ce vote ne devait pas être perçu comme un «feu vert dans le contexte de la guerre en Ukraine».
Amendement provocateur
À noter que la résolution russe a été entérinée malgré l’adoption d’un amendement, proposé par la Norvège, dénonçant l’utilisation par la Fédération de Russie du néonazisme comme «prétexte» pour «justifier son agression contre l’Ukraine».
Cet amendement a été adopté par seulement 66 voix pour, 43 voix contre et 51 abstentions, rapporte le compte rendu de la plénière, soulignant qu’un grand nombre de pays du Sud global s’étaient «dissociés» de cette modification.
La Russie a fustigé à son tour cet amendement, dénonçant un «stratagème procédural flagrant doublé d’une provocation», tout en rappelant que son projet de résolution avait pour vocation d’être un texte thématique et non spécifiquement centré sur un pays.
La victoire sur le nazisme, obtenue lors de la Seconde Guerre mondiale entre 1939 et 1945, «ne peut pas être révisée», a déclaré Grigori Loukiantsev, chef du Département de la coopération multilatérale en matière de droits de l'homme du ministère russe des Affaires étrangères, avant le vote.
Le document de 74 paragraphes rejette la glorification et la propagande du nazisme, appelle à des mesures contre la négation des crimes contre l’humanité et condamne notamment «l’utilisation dans les milieux éducatifs de matériels et de discours éducatifs qui prônent le racisme, la discrimination, la haine et la violence fondées sur l’origine ethnique, la nationalité, la religion ou les convictions».