Le 25 octobre, la présidente de la Commission européenne est arrivée en milieu de journée à Belgrade en provenance de Bosnie et y a rencontré le président serbe. Avant son dîner avec Aleksandar Vucic, Ursula von der Leyen devait également s'entretenir avec le Premier ministre serbe, mais le rendez-vous a été annulé à la dernière minute.
En cause ? Milos Vucevic venait de s'entretenir avec le ministre russe du développement économique, Maxim Rechetnikov, qui était également en visite à Belgrade. «Nous avons annulé la rencontre avec le Premier ministre [serbe] après sa rencontre avec le ministre russe de l'Économie», a déclaré à une agence de presse française l'ambassadeur de l'Union européenne en Serbie, Emanuele Giofret.
Il y avait «des signes de l'intention de la Serbie de renforcer les relations économiques dans d'autres domaines avec la Fédération de Russie», a-t-il ajouté.
Une coopération russo-serbe qui fâche à Bruxelles
Selon le représentant du bloc européen, cette «intention» pouvait se lire dans un communiqué de presse «publié sur le site internet» du gouvernement serbe et «retiré» depuis. «Dans ces conditions, la présidente de la commission a estimé qu'il était inutile d'organiser une réunion avec le Premier ministre», a poursuivi le diplomate.
Dans ce fameux communiqué, dont l'agence de presse française a obtenu une copie, il était indiqué que Milos Vucevic avait rencontré le ministre russe afin de discuter du «renforcement de la coopération économique et autre entre les deux pays».
Du côté russe, le gouvernement a rapporté sur sa chaîne Telegram des échanges entre Maxim Reshetnikov et le ministre serbe de la Coopération économique internationale, Nenad Popovic, évoquant notamment la signature de deux mémorandums portant sur la coopération bilatérale entre Moscou et Belgrade à l'occasion du 20e anniversaire du Comité intergouvernemental russo-serbe prévu les 20 et 21 novembre à Saint-Pétersbourg.
«La Russie attache une grande importance à l'élaboration et à la signature d'un programme stratégique de coopération économique avec la Serbie pour 2025-2030», est-il également spécifié dans ce communiqué.
Des pressions européennes permanentes
Dans une interview accordée à l'agence de presse RIA Novosti et publiée le 24 octobre, le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vulin avait fait part des pressions de l'Occident sur Belgrade concernant «toute activité» liée à la Russie.
«L'Occident collectif fait toujours pression sur nous lorsqu'il voit que nous avons de bonnes relations avec la Russie. Toute déclaration, toute activité commune est toujours une nouvelle raison d'accroître la pression sur nous», avait-il confié.
Des pressions dont a lui-même fait part le président serbe Alexandar Vucic. «La première [de leur] obligation est de m'expliquer, au lieu de dire "Bonjour" ou "Bonsoir", quel idiot je suis de ne pas avoir introduit de sanctions» contre la Russie, avait-il notamment relaté lors d'une interview télévisée, en mai 2023.
Le 25 octobre, à l'issue de la conférence de presse conjointe avec Ursula von der Leyen, le président serbe a tenu à déclarer aux journalistes que la question du non-alignement de Belgrade sur les sanctions de Bruxelles contre Moscou avait été abordée lors de leur rencontre.