«Des familles, y compris des enfants, ont reçu l’ordre de se déplacer vers le sud, dans une zone déjà fortement surpeuplée, polluée, dangereuse et dépourvue des biens de première nécessité nécessaires à la survie», a souligné la Directrice régionale de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Adele Khodr.
Dans un communiqué rendu public ce 11 octobre sur le site de l’agence onusienne, Adele Khodr a mis en avant la question des déplacements forcés qui affectent les plus vulnérables parmi la population civile : «les ordres de déplacement soudains dans les gouvernorats de Gaza Nord et de Gaza sont très préoccupants et forcent une fois de plus des dizaines de milliers de civils vulnérables à se déplacer sur les routes».
«Les enfants sont condamnés, encore et encore, à des souffrances, des horreurs et des morts inimaginables», a déploré la responsable onusienne «Les évacuations, y compris de nouveau-nés prématurés luttant pour leur survie dans des couveuses et d’enfants dans des unités de soins intensifs, ainsi que les restrictions permanentes imposées sur l’accès de l’aide au nord et les bombardements incessants, ont des conséquences dévastatrices et inadmissibles dont nous avons été les témoins à maintes reprises» a-t-elle rapporté.
«Il ne reste que peu, voire pas du tout d’endroits sûrs où aller»
«Trois grands hôpitaux, dont Kamal Adwan, le seul hôpital doté d’une unité pédiatrique dans le nord, sont touchés par ces ordres [de déplacement]. La survie de patients gravement malades, dont 18 enfants selon le ministère palestinien de la Santé, est menacée» a fait savoir la Directrice régionale de l’Unicef pour le Mena.
Le 6 octobre, l’armée israélienne a ordonné «l’évacuation» de tout le nord de l’enclave. Trois hôpitaux, situés dans cette zone, ont également reçu l'ordre d'évacuer, et ce, sous «24 heures» avait rapporté la chaîne libanaise Al Mayadeen.
Adele Khodr a également alerté qu’«avec l’intensification des opérations militaires dans le nord de Gaza, les enfants sont exposés à de graves risques d’être tués, mutilés, détenus ou séparés de leurs parents et des personnes qui s’occupent d’eux, dans un contexte de danger et de chaos permanents», a-t-elle déploré.
«La situation est particulièrement grave pour les enfants souffrant de handicaps, de troubles médicaux ou d’autres vulnérabilités, ce qui les expose à des risques encore plus grands et rend leur réinstallation non seulement plus difficile, mais aussi plus dangereuse, d’autant plus qu’il ne reste que peu, voire pas du tout, d’endroits sûrs où aller» a averti la responsable humanitaire.
Adele Khodr a souligné qu’il s’agissait de la «quatrième fois en un an» que les familles de Jabalia recevaient l’ordre de quitter leurs maisons en ajoutant que «nombre d’entre elles sont revenues après chaque déplacement, incapables de trouver la sécurité ailleurs».
«Une spirale de meurtres, de déplacements et de désespoir qui n’en finit pas»
«Le fait d’être contraint de fuir à plusieurs reprises dans le cadre d’opérations militaires récurrentes, sans qu’aucune fin ne soit en vue, prive les enfants du peu de sécurité et de stabilité qu’il leur reste. Ces enfants risquent de subir de profondes répercussions sur leur bien-être physique et psychologique tout au long de leur vie», a-t-elle prévenu.
Pour conclure, la directrice régionale de l'Unicef a tenu à préciser que son agence, et d'autres agences humanitaires, «font tout ce qu’ils peuvent pour atténuer leurs souffrances», mais qu'ils luttent «contre une spirale de meurtres, de déplacements et de désespoir qui n’en finit pas».
«Aujourd’hui plus que jamais, j’implore les parties au conflit de s’entendre sur un cessez-le-feu immédiat afin d’éviter de nouvelles souffrances et de sauver la vie des enfants. Sans cela, ce n’est pas seulement leur survie qui est en jeu, mais aussi ce qui reste de notre propre humanité», a-t-sollicité.