Kiev afficherait deux visages, à en croire Bloomberg : celui en public de Zelensky «inébranlable» dans ses exigences pour mettre fin au conflit et celui, en coulisse, des responsables ukrainiens.
«Mais alors que l’Ukraine meurtrie par la guerre approche de son troisième hiver complet de la guerre et que le soutien occidental montre des signes de faiblissement sans fin du conflit en vue, les responsables ukrainiens ont indiqué qu'ils étaient prêts à reconnaître qu'une fin de partie devrait avoir lieu» a ainsi rapporté le 8 octobre l’agence américaine, après avoir évoqué de récentes déclarations de Volodymyr Zelensky qui réaffirmait son refus de «négocier» avec la Russie.
Plus tôt dans leur article, les deux journalistes ont évoqué des responsables proches de l’OTAN, selon lesquels les alliés occidentaux de l’Ukraine «détectent» que Volodymyr Zelensky «pourrait s’apprêter à adopter une approche plus flexible» est-il relaté. Toujours selon Bloomberg, ce «changement de sentiment devait être testé» lors de la réunion prévue le 12 octobre à la base américaine de Ramstein en Allemagne. Sommet sur l’Ukraine qui a finalement été «reporté», à la suite de l’annulation de la venue de Joe Biden en raison de l’approche de l’ouragan Milton des côtes de la Floride.
Les deux auteurs ont également dressé le tableau d’une Ukraine coincée entre des pays du Sud qui l’enjoignent d’inclure Moscou dans tout processus de paix, des alliés Européens soumis à des «contraintes budgétaires» (notamment l’Allemagne et la France), et les États-Unis où aucun des candidats en lice pour la Maison Blanche n’a pris le parti de Kiev concernant son désir d’accéder à l’OTAN.
En effet, si la vice-présidente et candidate démocrate a assuré le 7 octobre sur CBS qu’une rencontre sur le conflit avec Vladimir Poutine n’aurait «pas lieu bilatéralement, sans l'Ukraine», celle-ci «a refusé de dire si elle soutiendrait la poussée de l’Ukraine à rejoindre l’OTAN si elle était élue», ont souligné les auteurs de l’article. Quant à Donald Trump, celui-ci a déclaré à plusieurs reprises que s’il était élu début novembre, il mettrait fin au conflit avant même son investiture.
De «solides» garanties de sécurité, avec Washington, «équivaudraient à une adhésion de facto de l’Ukraine»
Interrogé sur l’accord de paix qu’un Donald Trump de retour à la Maison Blanche pourrait décrocher, son colistier, le sénateur républicain de l'Ohio James David Vance, avait déclaré lors d’une interview le 12 septembre qu’il «ressemblerait probablement à la ligne de démarcation actuelle entre la Russie et l’Ukraine, qui deviendra une sorte de zone démilitarisée, fortement fortifiée pour que les Russes ne l’envahissent pas à nouveau». «L’Ukraine conserve sa souveraineté, la Russie obtient de l’Ukraine la garantie de sa neutralité, elle ne rejoint pas l’OTAN, elle ne rejoint pas certaines de ces "institutions alliées"», avait-il ajouté.
«Tout ce qui n’est pas une adhésion [à l’OTAN, ndlr.] à part entière mettrait l’Ukraine sur la défensive en ce qui concerne les pourparlers de cessez-le-feu», a pour sa part rapporté Bloomberg dans son article du 8 octobre, citant un responsable familier des discussions à l’OTAN. Selon cette source, «de solides garanties de sécurité bilatérales, en particulier avec les États-Unis, équivaudraient à une adhésion de facto de l’Ukraine».
Mi-juin, lors d’un discours de politique étrangère, le président russe Vladimir Poutine avait indiqué que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et des régions de Kherson et de Zaporojié, et accepterait d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», évoquant aussi une «démilitarisation», une «dénazification» et une levée des sanctions contre la Russie.
Kiev exige encore le retour aux frontières de 1991, en dépit notamment du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie par référendum en 2014 à la suite du coup d'État du Maïdan. Des revendications jugées irréalistes par Moscou.