Russie

La diplomatie russe prévient du «jeu avec le feu» de l'Occident, en cas d’autorisation de frappes en profondeur contre la Russie

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accordé une interview au magazine américain Newsweek dans lequel il a exposé le point de vue russe sur le conflit en Ukraine.

Les discussions des pays occidentaux concernant des frappes en profondeur contre la Russie avec des armes occidentales est «un jeu avec le feu», met en garde le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans son interview au magazine américain Newsweek publiée ce 7 octobre.

«Washington et ses alliés de l'OTAN apportent un soutien politique, militaire et financier à Kiev pour que la guerre continue. Ils discutent d'autoriser les Forces amées ukrainiennes à utiliser des missiles occidentaux à longue portée pour frapper en profondeur le territoire russe. "Jouer avec le feu" de cette manière peut avoir des conséquences dangereuses. Comme l'a déclaré le président Poutine, nous prendrons les décisions adéquates sur la base de notre compréhension des menaces posées par l'Occident. C'est à vous d'en tirer les conclusions», a prévenu le chef de la diplomatie russe.

Il est à noter que lors d'une réunion à Kiev le 11 septembre dernier, le secrétaire d'État américain Antony Blinken et Volodymyr Zelensky, dont le mandat présidentiel a pris fin en mai dernier, n'ont pris aucune décision sur l'utilisation d'armes américaines pour des frappes à l'intérieur de la Russie. Selon la chaîne américain ABC News, au cours de cette longue réunion, Volodymyr Zelensky a remis à Antony Blinken un «plan détaillé» sur la manière dont Kiev pourrait utiliser les armes occidentales pour frapper le territoire russe et a fourni une liste de cibles possibles.

L’Ukraine et l’Occident n’ont pas l’intention de faire la paix, estime Sergueï Lavrov

Moscou accepterait un règlement diplomatique du conflit ukrainien, mais ni Kiev ni l’Occident ne semblent ouverts à une telle résolution, selon Sergueï Lavrov. D’après le ministre russe des Affaires étrangères, la Russie préférerait mettre fin au conflit une fois pour toutes plutôt que de se contenter d'un cessez-le-feu. Pour ce faire, l'Occident devrait cesser de fournir des armes à l'Ukraine et Kiev devrait mettre fin aux hostilités et revenir à un «statut neutre, sans bloc et non nucléaire, protéger la langue russe et respecter les droits et les libertés de ses citoyens».

Le chef de la diplomatie russe a suggéré que les accords d'Istanbul, qui avaient été presque approuvés par les délégations russe et ukrainienne en mars 2022, pourraient servir de base à un tel règlement, car ils prévoyaient l'abstention formelle de Kiev d'adhérer à l'OTAN, ainsi que des garanties de sécurité pour l'Ukraine, tout en reconnaissant «les réalités sur le terrain». 

Le ministre russe des Affaires étrangères a également rappelé qu'en juin dernier, le président russe Vladimir Poutine avait également énuméré les conditions préalables à un règlement de paix avec l'Ukraine. Selon lui, Kiev y a répondu avec une incursion dans la région russe de Koursk. Entre-temps, les États-Unis et d'autres pays de l'OTAN ont ouvertement déclaré qu'ils souhaitaient infliger une «défaite stratégique» à la Russie. 

 «Dans ces conditions, nous n'avons pas d'autre choix que de poursuivre notre opération militaire spéciale jusqu'à ce que les menaces posées par l'Ukraine soient écartées», a mentionné Sergueï Lavrov.

Le ministre russe des Affaires étrangères a également rappelé que la Russie tentait de résoudre la crise autour de l'Ukraine depuis plus d'une décennie et que ses efforts avaient été sapés à plusieurs reprises par Kiev et l'Occident. Ainsi, Sergueï Lavrov a évoqué le coup d'État de Maïdan soutenu par les États-Unis en 2014, les accords de Minsk approuvés par les Nations unies, que l'Ukraine, l'Allemagne et la France se sont ouvertement vantés de ne jamais vouloir respecter, et l'accord de paix d'Istanbul de mars 2022 que Vladimir Zelensky a finalement refusé de signer sous la pression du Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson.