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Sanctions : le patron de KLM se plaint de la concurrence «déloyale» des compagnies chinoises survolant la Russie

Dans une interview donnée la veille du 105e anniversaire de la compagnie aérienne néerlandaise, Marjan Rintel, PDG de KLM, a appelé les autorités européennes à prendre des mesures afin de corriger les «conditions de concurrence déloyale» engendrées par les sanctions qu’elles ont elles-mêmes imposées contre les compagnies russes.

La PDG de KLM, Marjan Rintel, a appelé l'Union européenne à intervenir pour corriger le déséquilibre compétitif qui selon lui pénalise les compagnies européennes face à leurs concurrentes chinoises.

Survoler la Russie «permet parfois de gagner deux à quatre heures. Cela se reflète dans le prix et, bien sûr, les coûts sont plus élevés pour nous», a ainsi déclaré Rintel lors d’une interview diffusée le 6 octobre sur la chaîne néerlandaise WNL.

«L'Europe peut au moins réfléchir à la manière d'éviter ces conditions de concurrence déloyale en fixant des prix ou en les considérant différemment», a estimé la dirigeante de cette compagnie qui a soufflé sa 105e bougie le 7 octobre.

Les compagnies chinoises continuent de survoler librement la Russie, tandis que les transporteurs de plusieurs dizaines de pays européens et du Canada s'étaient vu interdire l'espace aérien russe en réponse à des interdictions similaires décrétées à l'encontre des compagnies russes, les obligeant à faire des détours coûteux qui augmentent leurs frais d’exploitation.

Coûts d'exploitation : KLM mis au régime

Dans le détail, les autorités russes avaient commencé a annoncer la fermeture de l'accès aérien aux compagnies européennes dans la foulée de la proposition faite le 27 février 2022 par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen «d'interdire l'ensemble des aéronefs appartenant à des Russes, immatriculés en Russie ou contrôlés par celle-ci» dans l'espace aérien des Vingt-sept.

Ces contre-sanctions russes ont contraint les transporteurs européens à allonger leurs trajets, augmentant ainsi les temps de vol et, notamment, les dépenses en carburant. La plupart des compagnies asiatiques, ainsi que celles du Moyen-Orient, continuent quant à elles de survoler l'espace aérien russe.

Quelques jours avant cette interview à la télévision néerlandaise, KLM avait annoncé une mesure de réduction de ses coût afin de redresser son bénéfice d'exploitation de 450 millions d’euros par an. Revenant sur les mesures qui étaient envisagées, Rintel a notamment mentionné une réduction des services de restauration à bord, en rendant payantes la nourriture et la boisson à bord des vols européens.

Plusieurs transporteurs européens renoncent à leurs vols vers la Chine

La situation décrite par Marjan Rintel n'est pas propre à KLM. Plusieurs autres compagnies européennes, telles que Lufthansa et British Airways, sont également confrontées à des difficultés similaires. En septembre, la compagnie allemande a annoncé envisager de suspendre ses vols entre le plus grand aéroport du pays, Francfort, et Pékin en raison de la concurrence accrue avec les compagnies chinoise, turques ainsi que celles des pays du Golfe.

«Des avantages de coûts supplémentaires résultent des itinéraires plus courts» avait alors notamment pointé du doigt Lufthansa, concernant la possibilité pour ces compagnies de continuer à traverser l'espace aérien russe.

Un mois plus tôt, début août, British Airways avait annoncé la suspension à compter d'octobre de ses vols directs entre Londres et Pékin. Même son de cloche du côté de Virgin Atlantic, qui annonçait à la mi-juillet la suspension à partir de fin octobre, de sa liaison Londres - Shanghaï, en raison du rallongement de la distance dû à l'interdiction de survol du territoire russe.

D’autres figures de l'industrie aérienne, comme Willie Walsh, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), ont également exprimé leurs préoccupations face à la situation actuelle, appelant à l'ouverture de l'espace aérien russe.