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Sanctions antirusses : le CERN se prépare à expulser «des centaines» de scientifiques russes

Après avoir annoncé en 2022 vouloir rompre sa coopération avec la Russie, le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) va se séparer de plusieurs centaines de chercheurs russes, à moins qu'ils ne quittent la Russie, a rapporté la revue scientifique Nature. Le CERN continuera également de travailler avec le JINR, un centre nucléaire russe.

Le CERN, principal organe pour la recherche nucléaire en Europe, aurait confirmé que les scientifiques affiliés à des institutions russes ne pourront plus travailler au sein de l’institution à compter du 30 novembre, a rapporté la revue scientifique Nature dans un article publié le 18 septembre.

En juin 2022, le Conseil du CERN avait fait part de son intention de ne pas renouveler ses accords de coopération avec Moscou et Minsk, suite à l'opération militaire russe en Ukraine. «Notre coopération avec la Fédération de Russie prendra fin le 30 novembre 2024. Toutes les relations entre le CERN et les instituts russes cesseront à compter de cette date», avait-il annoncé dans un communiqué.

Cependant, l’institution ne compte pas totalement couper les ponts avec l'ensemble des chercheurs russes. Ces derniers pourront continuer à travailler avec le CERN s'ils sont «transférés dans des établissements situés à l'extérieur du pays», a précisé Nature.

Autre sujet de discorde : la décision de l'organisation européenne de continuer sa coopération avec l’Institut unifié de recherches nucléaires (Joint Institute for Nuclear Research - JINR), un centre intergouvernemental situé à Doubna, près de Moscou.

Un «cadeau» pour la Russie, estime Kovaltchouk

En effet, l’accord qui unit ces deux institutions n'est pas le même que l’accord gouvernemental signé avec la Russie. Selon la revue scientifique, cette décision diviserait profondément les chercheurs de l'institution. «Permettre aux scientifiques affiliés au JINR de participer aux projets du CERN est une "grave erreur"» a notamment relayé Nature, citant Boris Grynyov, directeur de l'Institut des matériaux de scintillation de Kharkov, qui représente l'Ukraine en tant que membre associé au Conseil du CERN.

L'annonce de ce renvoi des scientifiques russes avait été relativisé par le président de l'Institut Kourtchatov, principal centre de recherche et de développement de l'industrie nucléaire en Russie. Mikhaïl Kovaltchouk, y voyant une opportunité pour le secteur national de la recherche. «Le retour au pays de ces gens que nous avons formés, que nous avons élevés, avec notre idéologie et vision de la Science, c'est un cadeau pour nous» a-t-il déclaré fin mars.

«Sans nous, il n'y a pratiquement rien là-bas», avait-il également taclé, rappelant la contribution de l’Union soviétique, puis celle de la Russie aux recherches du CERN.

Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, de nombreuses institutions internationales, basées en Occident, ont mis en place des sanctions contre Moscou. Le CERN, malgré sa mission de promotion de la Science au-delà des frontières, n’a pas échappé à cette tendance.