Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en garde l'Occident contre toute tentative d'infliger une «défaite stratégique» à la Russie, la qualifiant d’«aventure suicidaire». S'adressant le 28 septembre à l'Assemblée générale de l’ONU, le chef de la diplomatie russe a exhorté les soutiens occidentaux de l'Ukraine à réfléchir aux «lourdes conséquences» d'une éventuelle utilisation par la Russie de sa dissuasion nucléaire.
S’adressant aux «stratèges anglo-saxons», Sergueï Lavrov a souligné que leurs projets n’échappaient à personne : «vaincre la Russie avec les mains du régime néonazi illégitime de Kiev». Il a jugé insensé de vouloir préparer l’Europe à se lancer dans une aventure suicidaire, à savoir «tenter de vaincre» une puissance nucléaire comme la Russie.
Cet avertissement fait suite à des déclarations similaires faites par Moscou ces derniers jours, dans le contexte des changements dans sa doctrine nucléaire.
Plus tôt cette semaine, le président Vladimir Poutine a déclaré au Conseil de sécurité de la Russie que le feu vert très controversé de l'Occident à Kiev pour mener des frappes en profondeur sur le sol russe, ou une attaque contre son allié clé, la Biélorussie, déclencherait désormais une réponse nucléaire, car les frappes seraient soutenues par les puissances nucléaires de l'OTAN.
L’Occident incapable de renoncer à ses pratiques néocoloniales
À la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, Sergueï Lavrov a reproché par ailleurs au camp occidental d’être «incapable de renoncer à des pratiques néocoloniales», et de «siphonner les richesses naturelles et culturelles des pays du Sud», malgré les promesses faites lors du Sommet de 2015 sur le développement durable.
Le chef de la diplomatie russe a également accusé les Occidentaux de poursuivre, contre l’écrasante majorité des États membres de l’ONU, des velléités d’hégémonie mondiale «tous azimuts», citant plusieurs conflits déclenchés ou financés par l’Occident dans le monde, ainsi que l’embargo commercial contre Cuba depuis plus de 60 ans.
Sergueï Lavrov a estimé, en outre, que cette «minorité occidentale» freine les changements attendus dans la réforme de l’ONU. Il a également vivement critiqué le fonctionnement du Conseil de sécurité, dénonçant le sabotage par les Occidentaux des processus relatifs au Kosovo, à la Bosnie-Herzégovine et à la création d’un État palestinien indépendant vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël.
Pour Lavrov, réanimer l’ONU nécessite d’en finir avec les sommets et les déclarations «déconnectés de la réalité». Ce qu’il faut, a-t-il affirmé, c’est restaurer le principe de l’égalité souveraine de tous les États Membres et promouvoir un monde multipolaire.