Alors que l’exécutif israélien affirme cibler les installations militaires du Hezbollah, plusieurs localités chrétiennes du Liban ont subi des bombardements de l’aviation de Tsahal.
Ainsi, ce 25 septembre, des «frappes mortelles» dans les localités du Metn et du Kesrouan, dans la périphérie nord de Beyrouth, ont été rapportées par les médias libanais. Le 23 septembre, les alentours des villages chrétiens de Qartaba, Mayrouba et Ehmej avaient été touchés par des missiles israéliens dans le sillage des raids menés principalement contre des régions à majorité chiite, où se trouve le Hezbollah.
Les chutes de projectiles sur ces régions chrétiennes, jouxtant des localités chiites, suscitent des interrogations au pays du Cèdre. «L’objectif principal du pilonnage des régions chrétiennes n’est pas militaire mais destiné à semer la zizanie entre Libanais en suscitant la colère des chrétiens, notamment en faisant circuler des informations selon lesquelles des armes seraient stockées dans leurs régions», a ainsi accusé le politologue libanais et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Karim Émile Bitar, dont les propos ont été rapportés par L’Orient-Le Jour.
Des chrétiens libanais travaillant pour le compte d'Israël
Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle appliquée par l’État hébreu lors de la guerre contre le Hezbollah en 2006. L’armée israélienne avait envoyé des tracts dans les régions chrétiennes notamment, avec pour objectif de parvenir à désolidariser cette communauté, dont une partie est hostile au Hezbollah.
Le politologue libanais précise que lors de l’occupation d’une partie du Liban dans les années 80, l’armée israélienne avaient essayé de convaincre certains chrétiens libanais de faire sécession. Pendant la guerre civile libanaise de 1975 à 1990, Tsahal a pu compter sur des supplétifs de l’armée du Liban Sud, milice composée majoritairement de chrétiens libanais, en vue de former une zone tampon à la frontière. Cette organisation a été démantelée, en mai 2000, lors du retrait des forces israéliennes du Liban.
Si certains anciens combattants de la milice ont été en partie jugés au Liban pour «trahison», 6 700 soldats accompagnés de leur famille ont quant à eux décidé de se réfugier de l’autre côté de la frontière. Près de 3 000 Libanais résident encore en Israël dans les localités de Naharaya et Kiryat Shmona, les autres ayant émigré aux États-Unis ou en Europe. Pour service rendu, l’État hébreu a versé des indemnités aux plus haut gradés allant d’environ 200 000 dollars à 150 dollars par mois pour les simples soldats du rang, relatait fin août 2021 La Revue géopolitique.