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Frappes « en profondeur » contre la Russie : quelle est la position de la France ?

Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni « n'ont pas encore autorisé officiellement » l'Ukraine à utiliser des armes à longue portée pour frapper la Russie en profondeur, et que l’Allemagne refuse cette éventualité, la position de la France reste « ambigüe », relève la presse du pays.

L’Ukraine réclame depuis des semaines l’autorisation de ses alliés occidentaux pour frapper des cibles «en profondeur» dans le territoire russe. Cette problématique est devenue depuis à la tête des préoccupations de la presse occidentale, d’autant plus que le sujet aurait été au menu d'une rencontre le 13 septembre entre les dirigeants américain et britannique, Joe Biden et Keir Starmer.

Cités par les médias de son pays, le président américain a «balayé» la menace d’une «guerre directe» entre la Russie et l’OTAN, si les alliés de l'Ukraine l'autorisent à utiliser des armes pour frapper des cibles plus profondément à l'intérieur de la Russie. «Les États-Unis se sont engagés à aider l'Ukraine à se défendre contre les agressions de la Russie», s’est contenté de déclarer Biden, sans faire référence aux missiles occidentaux à longue portée.

De son côté, Keir Starmer n'a pas non plus mentionné les missiles dans les brèves déclarations faites avant le début des discussions officielles, se contentant de dire que l'Ukraine était un «sujet important» et que «les prochaines semaines et les prochains mois pourraient être cruciaux». «Il est très important que nous soutenions l'Ukraine dans cette guerre vitale pour la liberté», a-t-il notamment déclaré.

Alors qu’aucune décision n'a été annoncée à la suite de cet entretien, la presse française a relevé de son côté une «grande discrétion» de la part de l’Elysée et des ministres démissionnaires concernant ce sujet.

Posture « ambigüe »

«Les autorités françaises, très en retrait dans cette discussion sur fond de turbulences politiques à Paris, se sont gardées de faire le moindre commentaire», ont relevé des médias français, soulignant que la France cultivait «l’ambiguïté» autour de cette question.

Une posture «ambigüe» qui contraste avec des positions plus «claires» d’autres pays européens, notamment l’Allemagne, où le chancelier allemand Olaf Scholz s’oppose toujours à livrer à l’Ukraine les missiles de longue portée Taurus.

En mars, Olaf Scholz avait très clairement expliqué la raison de son opposition à la livraison de missiles Taurus à l’Ukraine : «il est exclu de livrer des systèmes d’armes de grande envergure qui ne peuvent être fournis de manière judicieuse sans l’engagement de soldats allemands».

«Or, en tant que chancelier, j’ai la responsabilité d’empêcher que l’Allemagne participe à cette guerre», avait-il notamment déclaré.

« Escalade peu contrôlée »

 «Moscou transmet continuellement à Washington tous les signaux nécessaires pour éviter que la situation ne devienne une crise incontrôlable», a déclaré ce 14 septembre le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, alors que le sujet de livraison d’armes à longue portée à l’Ukraine reste d’actualité.

«Washington et Londres transforment la situation en escalade peu contrôlée», a-t-il ajouté. «Nous sommes en présence d’un risque grave car nos adversaires à Washington, à Londres et dans d’autres lieux sous-estiment de manière flagrante le niveau de danger de ce jeu qu’ils continuent à mener», a regretté Sergueï Riabkov.

Ces déclarations font écho à celles de Vladimir Poutine le 12 septembre, à Saint-Pétersbourg, dans lesquelles il a mis en garde l'Occident contre les conséquences de l'octroi à Kiev de l'autorisation qu'il demande.

Des tirs des forces ukrainiennes dans la profondeur du territoire russe signifieraient l’implication directe de l’Occident dans le conflit, avait averti le 12 septembre Vladimir Poutine, commentant la discussion parmi les alliés occidentaux de Kiev, notamment la Grande-Bretagne et les États-Unis, concernant «l'autorisation» donnée à l'Ukraine de frapper l’intérieur du territoire russe avec des armes à longue portée.

Dans un tel cas de figure, la Russie répondrait avec des mesures «appropriées», a promis le président russe.

« Il ne s’agit pas d’un jeu »

À New York, l'ambassadeur de Moscou auprès des Nations unies a déclaré de son côté au Conseil de sécurité que l'OTAN mènerait une «guerre directe» contre la Russie si elle approuvait l'utilisation d'armes données par l'Occident pour frapper la Russie.

«Dans ce cas, nous devrons, comme vous le comprenez, prendre les décisions qui s'imposent, avec toutes les conséquences que cela implique pour les agresseurs occidentaux», a déclaré Vassily Nebenzia. «Il ne s'agit pas d'un jeu. Le fait est que l'OTAN participera directement aux hostilités contre une puissance nucléaire. Je pense qu'il ne faut pas l'oublier.»

Le 11 septembre, un journal britannique avait rapporté que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient pris la décision, «à huis clos», d'autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles Storm Shadow, en partie de fabrication britannique, pour frapper des cibles situées plus profondément à l'intérieur de la Russie.