International

Allemagne : un attentat à la machette déjoué, sur fond de durcissement aux frontières

Les autorités allemandes ont annoncé ce 13 septembre l'arrestation d'un Syrien préparant une attaque à la machette contre des soldats. Dans un contexte d’augmentation du nombre d’attaques au couteau et de montée des partis populistes, Berlin a annoncé le rétablissement temporaire des contrôles aux frontières du pays dès le 16 septembre.

L’arrestation d’un Syrien de 27 ans, soupçonné d’avoir des liens avec les milieux islamistes et de préparer une attaque à la machette ciblant des soldats de l'armée allemande, a été annoncé ce 13 septembre par le parquet de Munich. Le ministère public bavarois a précisé que l’individu «voulait faire sensation et susciter un sentiment d'insécurité au sein de la population».

Cette annonce survient trois jours avant le rétablissement temporaire des contrôles sur la totalité des frontières du pays, à compter du 16 septembre, ainsi que la réduction des prestations sociales pour certains réfugiés. Des mesures prises par la coalition dite en «feu tricolore» du social-démocrate Olaf Scholz qui dirige le pays aux côtés des écologistes et des libéraux.

Un rétablissement des contrôles aux frontières allemandes que Berlin juge nécessaire pour «la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière».

Cette politique de durcissement vis-à-vis de l’immigration, qui survient après deux cinglants revers aux élections régionales en Saxe et en Thuringe début septembre, a suscité des débats dans le reste de l’Union européenne.

«Inacceptable», «bienvenue au club !» : de la Pologne à la Hongrie, des réactions contrastées

«Ce genre d’action est inacceptable», s'était indigné dès le 10 septembre l'actuel Premier ministre polonais, le libéral Donald Tusk, ancien président du Conseil européen. Déjà sous le coup d'un rétablissement des contrôles des autorités allemandes le long de la frontière entre son pays et l'Allemagne, le chef du gouvernement polonais avait précisé que Varsovie allait contacter «d'autres pays» affectés par la décision de Berlin en vue d'une réponse coordonnée.

En Grèce, c’est le chef de gouvernement conservateur Kyriakos Mitsotakis qui a dénoncé «des contrôles aux frontières qui pourraient finalement ne pas permettre la libre circulation des citoyens et nuire aux acquis fondamentaux de l’Union européenne».

A contrario, toujours le 10 septembre, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, tenant d’une ligne stricte en matière d’immigration, s’est enthousiasmé sur X (ex-Twitter). «L’Allemagne a décidé d’imposer des contrôles stricts aux frontières pour stopper la migration illégale. Chancelier Scholz, bienvenue au club !», a-t-il déclaré, un brin taquin.

Le chef de gouvernement hongrois, dont le pays préside jusqu’à la fin de l’année le Conseil de l’Union européenne, a appelé à ouvrir un débat sur ce sujet. «Comment est-il possible de défendre les frontières extérieures de l'UE, si ceux qui le font sont punis par la Commission européenne ?», a-t-il encore déclaré sur X, le 12 septembre.

De son côté, par la voix d'une porte-parole, la Commission européenne a déclaré que le rétablissement de contrôles aux frontières internes de l'UE demeurait «une possibilité», mais devait être «nécessaire et proportionné». «De telles mesures doivent rester strictement exceptionnelles», a-t-elle insisté.

Une série d’attaques qui ont contraint Berlin à réagir

Ces mesures surviennent après plusieurs attaques émanant d’étrangers sur le sol allemand. Au début du mois de septembre, un jeune homme de 18 ans originaire de Bosnie-Herzégovine ayant ouvert le feu aux abords du consulat général d’Israël avait été abattu par la police à Munich.

Quelques jours plus tôt, fin août, un Syrien de 26 ans avait tué trois personnes et en avait blessé cinq autres lors d’une attaque au couteau durant une fête communale à Solingen, dans l'ouest du pays. Fin mai, à Mannheim, dans le sud-ouest de l’Allemagne, c'est un Afghan de 25 ans armé d’un couteau qui s’en était pris à un stand d’information de Pax Europa, un mouvement citoyen qui entend s'opposer à l’«islamisation de l'Europe», faisant cinq blessés et tuant un policier.

Des événements tragiques qui n'ont pas été sans conséquences pour la coalition au pouvoir lors des dernières échéances régionales. Celles-ci ont vu les partis populistes de droite AfD, et celui de gauche, le BSW de Sarah Wagenknecht, tous deux farouchement hostiles à l’immigration, réaliser une percée sans précédent lors d'élections locales en Thuringe et en Saxe début septembre. Un prochain scrutin régional est prévu le 22 septembre, dans le Brandebourg.