«Un parent sur trois se prive de manger pour nourrir ses enfants.»
La 18e édition du baromètre annuel de la pauvreté et de la précarité Ipsos/Secours populaire, publié ce 12 septembre, est sans appel : la précarité en France «s'aggrave» et «s'étend», atteignant de nouveaux records.
Lors de ce sondage, 62% des Français ont déclaré connaître ou avoir connu une situation de pauvreté. Des difficultés financières pour les Français qui, souligne l'association, «ne faiblissent pas malgré une légère accalmie sur le front de l’inflation».
«Le travail n'est plus un rempart contre la pauvreté», a alerté la secrétaire générale du Secours populaire Henriette Steinberg, interrogée ce 12 septembre au matin sur une radio publique. Le phénomène «concerne des catégories toujours croissantes de la population», a-t-elle souligné. «La progression est particulièrement importante cette année», constate-t-elle. Avant de poursuivre : «Il n'y a aucun indicateur qui soit en baisse dans ce domaine.»
Soulignant «un mitage sur tout le territoire national, en ville, dans les banlieues», celle-ci assure qu'«il n'y a pas de catégorie qui échappe» à ce phénomène qui touche «particulièrement les zones rurales».
La gauche s’engouffre dans la brèche
Alors que le nouveau Premier ministre est en train de former son gouvernement, des élus de gauche ont invoqué la gravité de la situation dépeinte par ce baromètre.
«Un Français sur deux ne peut pas faire trois repas par jour. Un ouvrier sur trois souffre de pauvreté. Voilà la France en 2024, telle qu’elle ressort de la dernière enquête du Secours populaire», a ainsi lancé sur le plateau d'une chaine d'information continue le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel, évoquant cette enquête. «Et on va continuer les mêmes politiques ?», s'est exclamé le député du Nord.
«Il est urgent de revaloriser le Smic», a de son côté affirmé sur X (ex-Twitter) la sénatrice socialiste de l'Ain Florence Blatrix, reprenant la phrase d’Henriette Steinberg selon laquelle «le travail n’est plus un rempart».
«Le tableau d'une précarité qui s'aggrave»
Dans le détail, le rapport du Secours populaire dresse un tableau sombre de l’état de la pauvreté en France. Deux Français sur cinq y déclarent avoir traversé «une période de grande fragilité financière» au moins à un moment de leur vie. Un niveau jamais atteint «depuis le pic enregistré en 2013», souligne l'étude.
Ainsi, un Français sur trois (32%) est contraint «parfois ou régulièrement» de ne pas faire trois repas par jour. Le rapport explique par ailleurs que 80% des ouvriers déclarent «avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître», soit un niveau en progression de six points sur un an.
Les personnes interrogées considèrent qu'un revenu mensuel inférieur à 1 396 euros correspond à une situation de pauvreté. L’association s’inquiète de ce chiffre, soulignant que le Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) s’élève a «seulement 2 euros de plus que ce seuil».
Parmi les difficultés budgétaires des Français, le Secours populaire pointe du doigt «une nouvelle dégradation de postes budgétaires essentiels tels que l’énergie, le logement ou l’accès à une mutuelle santé».
Les Français des campagnes particulièrement touchés
Si la pauvreté gagne du terrain partout, le rapport s’étend plus longuement sur les difficultés du monde rural et explique que dans ces «zones où la population est constituée d’une part importante d’ouvriers et d’employés», le niveau de précarité monte à 69%.
Depuis plusieurs mois, le Secours populaire insiste sur cette pauvreté des campagnes et mobilise des bus pour aller à la rencontre des habitants désœuvrés des campagnes.
Parmi les personnes vivant en zone rurale, l’association a recensé 57% d’habitants qui «peinent à partir en vacances au moins une fois par an», ce qui revient à neuf points au-dessus que l’ensemble de la population. Concernant la santé, 44% des «ruraux» estiment difficile l’accès aux services de santé.