Le nouveau chef de la diplomatie britannique, David Lammy, en poste depuis début juillet, a annoncé le 2 septembre devant la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement britannique, la «suspension» de certaines exportations d’armements vers Israël «comme l'exige la loi sur le contrôle des exportations».
«C'est avec regret que j'informe aujourd'hui la Chambre que l'évaluation que j'ai reçue ne me permet pas de conclure autre chose que le fait que pour certaines exportations d'armes britanniques vers Israël, il existe un risque clair qu'elles puissent être utilisées pour commettre ou faciliter une violation grave du droit international humanitaire», a déclaré David Lammy.
Ces licences concernées sont notamment celle «d’équipements» que Londres estime être utilisés dans le cadre du conflit à Gaza, «comme des composants importants qui entrent dans la composition d'avions militaires, notamment des avions de combat, des hélicoptères et des drones, ainsi que des éléments qui facilitent le ciblage au sol», a détaillé le ministre britannique.
Les F-35 épargnés au nom de la sécurité de l’OTAN
Celui-ci a souligné que cette décision ne concernait en rien un «embargo sur les armes» ni une «interdiction générale», seules «environ 30 des 350 licences accordées à Israël» étant concernées. «Les autres continueront d’être valables», a-t-il encore insisté.
Ne sera pas non plus impacté le F-35, l’avion de combat de 5e génération développé sous la houlette des États-Unis, «essentiel à la paix et à la sécurité au sens large», a défendu David Lammy auprès des députés, estimant que l’atteinte aux licences d’exportation liées à cet appareil «porterait atteinte à la chaîne d’approvisionnement mondiale de ce type de matériel, qui est vitale pour la sécurité du Royaume-Uni, de nos alliés et de l’OTAN.»
«Les F-35 sont largement utilisés à Gaza», a fustigé sur X (ex-Twitter) le patron d’Amnesty International pour le Royaume-Uni, Sacha Deshmukh. «Nous ne sommes pas prêts à mettre en péril le fonctionnement d'avions de chasse qui sont essentiels à la sécurité de notre propre Royaume-Uni, à celle de nos alliés et à celle de l'OTAN», a maintenu, ce 3 septembre sur le service public le secrétaire à la Défense, John Healey. Celui-ci était interrogé quant au fait que les exportations de composants de ces appareils «qui larguent des bombes sur les Palestiniens depuis des mois» ne soient pas concernées par l’annonce du ministre.
Plusieurs ministres israéliens condamnent la décision de Londres
Outre le débat autour du F-35, cette annonce de Londres a fortement déplu aux autorités israéliennes. «Je suis profondément déçu d'apprendre les sanctions imposées par le gouvernement britannique sur les licences d'exportation» d'armes, a réagi sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Son homologue des Affaires étrangères, Israël Katz, a également condamné cette décision britannique. Dans un communiqué, le ministre israélien a déclaré que cette décision envoyait «un message très problématique» au Hamas ainsi qu’à l’Iran. «Israël est une nation respectueuse de la loi», a-t-il affirmé, ajoutant qu'il comptait sur «les pays amicaux comme la Grande-Bretagne pour le reconnaître».
Dans la foulée de la victoire des travaillistes, emmenés par Keir Starmer, aux élections de juillet, David Lammy avait annoncé qu’il mettrait à jour une étude sur les ventes d’armes à Israël afin de s’assurer qu’elles étaient conformes au droit international.
Début avril, il avait déjà brandi la menace d’un «risque clair» de violation du droit international pour le Royaume-Uni si le pays poursuivait ses exportations d’armes vers Israël, au lendemain d’une frappe de drone israélien qui avait tué sept humanitaires travaillant pour l’ONG américaine World Central Kitchen à Gaza, dont trois Britanniques.