Contrastant avec des pourparlers qui avancent tant bien que mal, Washington fait preuve d'optimisme sur la suite des négociations pour arriver à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Lors d'un point presse le 26 août, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a fait état de «progrès» dans les discussions en cours sur une trêve assortie de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par l'État hébreu. «Malgré les attaques de roquettes et de drones menées par le Hezbollah au cours du week-end, écartées par les défenses israéliennes, cela n'a pas affecté le travail sur le terrain des équipes qui tentent de mettre en place cet accord de cessez-le-feu», a-t-il également indiqué, et ce, alors que les États-Unis voulaient impérativement éviter le scénario d'une riposte du mouvement chiite pour tenter d'arriver à une trêve dans la bande de Gaza.
Le lancement de plus de 320 projectiles sur Israël, le 25 août, «peut aider la position des Palestiniens et des Arabes dans les négociations», a pour sa part estimé Hassan Nasrallah lors d'un discours peu de temps après cette attaque contre l'État hébreu.
Après le Hezbollah, Téhéran prépare sa riposte
Or, du côté des belligérants, l'exécutif israélien et le Hamas sont dos à dos. Deux sources sécuritaires égyptiennes ont indiqué à Reuters que, dans la nuit du 25 au 26 août, «aucun des deux camps» n'avait accepté les «différents compromis présentés par les médiateurs». Et le cycle de négociations indirectes entre Israël et le Hamas a été «bouclé», selon l'agence de presse. Face aux journalistes, John Kirby a fait savoir qu'il espérait que les discussions de ces groupes de travail se dérouleraient «au moins au cours des prochains jours».
Selon les informations de Reuters, plusieurs points de blocage persistent, à l'instar du corridor de Netzarim, celui de Philadelphie ainsi que le poste-frontière de Rafah que l'armée israélienne refuse catégoriquement d'abandonner. Il s'agit de points stratégiques dans la bande de Gaza.
Le corridor de Philadelphie, qui s’étend sur 14 kilomètres le long de la frontière entre Gaza et l'Égypte, a été un enjeu central dans les négociations entre Israël et le Hamas. Cette route établie après le traité de paix de 1979 entre Israël et l'Égypte sert de barrière essentielle pour contrôler les mouvements entre Gaza et l'Égypte, notamment en bloquant les tunnels de contrebande utilisés pour acheminer des armes et du matériel vers le Hamas. Dans le cadre des récentes discussions pour parvenir à une trêve et à la libération d'otages, Israël a insisté sur le maintien de son contrôle du corridor pour empêcher le Hamas de se réapprovisionner en armes.
Le corridor de Netzarim, une route de sept kilomètres traversant la bande de Gaza dans sa largeur, est également devenu un point névralgique dans les négociations entre Israël et le Hamas. Établi pendant le conflit actuel, ce corridor a été conçu pour faciliter le contrôle militaire israélien sur les déplacements entre le nord et le sud de Gaza. «Les médiateurs nous ont dit après l’invasion de Rafah que l’ennemi sioniste ne voulait pas de cessez-le-feu», a souligné le 25 août le dirigeant du Hamas Oussama Hamdan, ajoutant que les forces israéliennes ne voulaient pas se retirer de la bande de Gaza.
Un autre point de discorde concerne également la libération des otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens. Israël a exprimé des réserves sur plusieurs des prisonniers palestiniens dont le Hamas demande la libération en échange des otages détenus depuis la sanglante attaque menée le 7 octobre dans le sud de l'État hébreu par le mouvement islamiste. Quant à ce dernier, il refuse d'accepter tout accord qui ne serait pas identique à celui proposé par le président américain Joe Biden et négocié en juillet. Ce plan de paix est composé de trois phases d'une quarantaine de jours chacune pour passer d'un cessez-le-feu temporaire à une paix durable à Gaza.
En cas d'échec du cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne, l'Iran pourrait riposter à l'élimination d'Ismaël Haniyeh qui a eu lieu le 31 juillet dernier. Le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a indiqué sur X (ex-Twitter) que la «réaction» de son pays à «l'attaque terroriste d'Israël à Téhéran» était «définitive». Cette riposte «sera mesurée et calculée», a-t-il promis. «Nous ne craignons pas l'escalade, mais nous ne la recherchons pas, contrairement à Israël», a-t-il affirmé.