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En pleine visite de l'émissaire américain à Beyrouth, Israël bombarde le Liban

Alors que le diplomate américain en charge du dossier israélo-libanais était à Beyrouth pour tenter de désamorcer la crise, Tsahal a bombardé plusieurs positions au sud du pays du Cèdre, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés. Amos Hochstein demande au Hezbollah de ne pas riposter pour éviter l'escalade.

Décidément, les tensions frontalières entre les deux ennemis ne retombent pas. Alors que l'émissaire américain Amos Hochstein se trouvait à Beyrouth le 14 août, l'armée israélienne a bombardé plusieurs localités du Sud-Liban, faisant plusieurs morts. 

La venue du diplomate au Liban n'a pas été synonyme de désescalade sur le terrain. Israël a bombardé, pour la première fois depuis le 8 octobre, la localité de Marjeyoun, dans le caza éponyme au Liban-Sud. Cette attaque a ciblé une voiture et fait au moins deux morts et quatre blessés, dont un enfant, rapporte L'Orient-Le Jour.

L'aviation israélienne a également mené une attaque sur la localité de Blida qui a fait un mort et un blessé. De surcroît, un drone israélien a visé une jeep sur la route d'Abbassiyé, provoquant au moins 17 blessés, dont quatre sont dans un état critique. Le Hezbollah a quant à lui revendiqué plusieurs opérations contre des positions de l'armée israélienne avec des tirs de roquettes. Le parti chiite a également affirmé avoir lancé «des escadrons de drones suicide sur un rassemblement de soldats israéliens dans le nord d'Abirim, en face du village libanais de Aïta el-Chaab, atteignant leurs cibles avec précision». Les affrontements ont continué dans la nuit du 14 au 15 août. 

Le diplomate américain demande au Hezbollah de ne pas riposter

La même journée, l'émissaire américain était en déplacement à Beyrouth pour tenter de désamorcer l'escalade qui se profile. Les craintes d'un embrasement régional se sont intensifiées depuis qu'Israël a tué, le 30 juillet, un chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokor, au cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Un assassinat auquel le parti chiite a promis de riposter. L'Iran a également promis de répondre à l'élimination, le 31 juillet à Téhéran, du chef du Hamas palestinien, imputée à Israël.

«Les États-Unis sont en accord avec les Libanais qui entendent reprendre leur vie en paix et en sécurité, et ne veulent pas vivre dans la peur constante de la menace et de la guerre», a affirmé Amos Hochstein lors d'une conférence de presse. «Cette région a assez souffert et plus le temps passe avec la poursuite des échanges de tirs quotidiens, plus le risque d’incident pouvant provoquer une escalade incontrôlable devient grand», a-t-il ajouté.

Lors de son passage express dans la capitale libanaise, le diplomate américain a notamment rencontré Nabih Berry, chef du Parlement libanais, Najib Mikati, Premier ministre, Joseph Khalil Aoun, chef des armées, ainsi qu'une délégation de l'opposition libanaise. «Nous avons convenu qu'il n'y a plus de temps à perdre [...] Nous devons profiter de cette fenêtre pour agir et trouver des solutions diplomatiques», a déclaré à ses interlocuteurs l'envoyé de Joe Biden. Amos Hochstein a également adressé un message au Hezbollah, sans le citer nommément : «Nous continuons de croire qu'une solution diplomatique est possible parce que nous continuons de croire que personne ne souhaite vraiment une guerre totale entre le Liban et Israël.» Pour la première fois, il a corrélé les dossiers gazaouis et libanais, en expliquant qu'une solution diplomatique dans l'enclave palestinienne ramènerait le calme à la frontière libano-israélienne. Un point non négociable pour le Hezbollah depuis le 8 octobre dernier. 

Le diplomate américain a de plus fait miroiter une aide économique au Liban pour convaincre le mouvement chiite d'accepter de mettre fin aux hostilités avec l'armée israélienne et de retirer ses forces de la frontière. En effet, dans un entretien accordé à Reuters le 30 mai, Amos Hochstein a indiqué que les États-Unis voulaient faire comprendre au pays du Cèdre qu'en cas de cessation des hostilités, ils veilleraient «à ce que la communauté internationale démontre au peuple libanais que nous sommes investis en lui». À ce propos, il a précisé que l'administration américaine était prête à aider le Liban pour son réseau électrique défectueux. «Nous avons une solution pour cela. Nous avons mis au point un paquet qui pourrait créer une solution qui leur permettrait d'atteindre 12 heures d'électricité en... peu de temps», a-t-il précisé.

Le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné est également attendu au Liban ce 15 août.