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Selon une enquête, Tsahal utilise des Palestiniens comme «boucliers humains» dans ses opérations contre le Hamas

Le média israélien Haaretz a rapporté que Tsahal utilisait des Palestiniens comme «boucliers humains» pour des opérations risquées, notamment pour inspecter les tunnels potentiellement piégés à l'explosif du Hamas. Une pratique illégale, mais connue de l'état-major israélien.

L'armée israélienne a utilisé depuis plusieurs mois des Palestiniens comme «boucliers humains» pour mener des opérations à risque dans la bande de Gaza, rapporte une enquête de Haaretz parue le 13 août. 

Le média israélien a rapporté plusieurs témoignages de soldats et de commandants de Tsahal indiquant qu'ils se servaient des Gazaouis pour leurs opérations. Vêtus comme des soldats avec des baskets de sport et non des bottes, menottés et munis d'une caméra, les Palestiniens forcés de travailler pour l'armée israélienne sont facilement reconnaissables. Ils sont appelés «shawish», un mot arabe d'origine turque qui signifie «sergent». Ils sont notamment envoyés dans les tunnels du Hamas pour sécuriser les lieux et prendre le risque de tomber sur des engins explosifs. 

«Nos vies sont plus importantes que les leurs», a notamment souligné un soldat israélien au média Haaretz. Ces actions de Tsahal se font au vu et au su de l'état-major. L'enquête rapporte qu'il y a plusieurs mois, l'armée avait récupéré deux Gazaouis âgés respectivement de 16 et 20 ans et qu'elle avait reçu comme directive de s'en servir comme «boucliers humains». 

Entrer dans les maisons occupées par le Hamas

De surcroît, d'après l'enquête, l'armée israélienne a également utilisé des personnes âgées habillées en militaires pour entrer dans des maisons occupées par le Hamas dans l'enclave gazaouie. Selon les propos d'un soldat rapportés par Haaretz, on encourage les Palestiniens à mener une opération en leur promettant de leur rendre la liberté. Un soldat a déclaré au média qu'à chaque opération dans les tunnels, l'armée envoyait un Palestinien dix minutes plus tôt pour s'assurer de la non-présence d'explosifs sur les lieux et éviter une embuscade des combattants du Hamas. Cette pratique a divisé les troupes de Tsahal, certains se disant favorables, d'autres émettant des réserves. 

Haaretz indique également que cette méthode avait déjà été utilisée lors de la seconde intifada en 2002 lorsqu'il fallait entrer dans des habitations de suspects palestiniens. Une procédure qui avait été condamnée par la Cour suprême. 

Des unités de l'armée israélienne déguisées en Gazaouis

Outre l'utilisation des Palestiniens pour mener des opérations à risque, les Israéliens se cachent également parmi la population pour obtenir des renseignements ou neutraliser des personnes recherchées. En hébreu, l’appellation «mista’arvim» signifie littéralement «ceux qui veulent se faire passer pour des Arabes». Ce nom recouvre plusieurs unités spéciales de la police israélienne des frontières, ayant reçu une formation de 15 mois, dont quatre entièrement consacrés à l’apprentissage des traditions, de la langue et du mode de pensée palestiniens, jusqu’au camouflage civil (teinture des cheveux, lentilles de contact, vêtements). Le but est de passer inaperçu et gagner la confiance des locaux afin d’accumuler des informations, appréhender par surprise des militants ou assassiner des adversaires. 

Cette technique a été notamment utilisée par l'armée israélienne pour récupérer quatre otages au mois de juin dernier, comme l'a rapporté le média libanais L'Orient-Le Jour. Des espions israéliens formés pour infiltrer la population palestinienne avaient loué une maison à Nousseirat, prétendant être de riches déplacés de Rafah, à quelques rues de la place où étaient retenus les otages. Pendant plusieurs jours, les agents israéliens ont glané des informations sur le bâtiment et la situation des otages, préparant le terrain pour l’intervention des commandos de l’armée. Un travail effectué entièrement sous couverture par des unités de mista’arvim, qui maîtrisent à la perfection les codes culturels, le dialecte gazaoui et se fondent dans une population où chacun devient un indicateur insoupçonné. L'opération avait fait plus de 274 victimes et 700 blessés, avait indiqué le ministère de Santé de Gaza, rattaché au mouvement islamiste.

Cette unité israélienne existe depuis la création de l'État hébreu pour s'informer sur les Palestiniens. Initialement, les agents étaient des Juifs provenant des autres pays arabes limitrophes.