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Malgré des droits souvent bafoués, des femmes candidates à une élection en Arabie saoudite

Pour la première fois de l'histoire, des femmes vont pouvoir voter, et se présenter, à une élection en Arabie saoudite. Une avancée timide dans un pays où les droits des femmes sont très souvent ignorés.

C’est une première dans un pays où les droits des femmes sont souvent bafoués et méprisés. Les élections municipales auront lieu le 12 décembre prochain en Arabie saoudite, et pour la première fois, des femmes pourront voter, mais aussi être élues. Au total, près de 900 Saoudiennes, sur un total de 7 000 candidats, se présentent pour un siège dans les 284 conseils municipaux, dans un royaume ultra-conservateur où elles sont soumises à de nombreuses restrictions, comme l'interdiction de conduire.

Reste que leur mission s’annonce compliquée. Le Royaume interdit en effet la mixité, en particulier dans les meetings électoraux, et la campagne de ses candidates restera forcément confidentielle. D’autant plus que seules 130 600 femmes se sont inscrites sur les listes électorales soit environ dix fois moins que d'hommes, selon des chiffres officiels.

Appliquant une vision rigoriste de l’islam, l’Arabie saoudite met en place des lois très sévères envers les femmes, qui ne sont autorisées à sortir en public qu'à la condition d'être couvertes de la tête aux pieds. De plus, elles ne peuvent pas travailler, se marier ou voyager sans autorisation de leur mari ou d'un homme de leur famille.

Malgré ce timide processus d'ouverture engagé sous le règne du roi Abdallah (2005-2015), la route vers l'égalité des sexes et une meilleure visibilité des femmes dans l'espace public demeure jalonnée d'obstacles dans ce pays où les atteintes aux droits de l’homme sont fréquentes. La pays, qui pratique encore la peine de mort, a ainsi multiplié les exécutions depuis le début de l’année.

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Avant même le début de la campagne, des femmes ont d’ailleurs fait les frais de la rigueur du régime. Deux candidates ont ainsi ont été d'emblée disqualifiées. «J'ai été éliminée comme candidate pour les municipales (...) Je ferai opposition par les canaux appropriés», a annoncé Loujain Hathloul, une militante qui avait été détenue pendant deux mois par les autorités pour avoir tenté en décembre 2014 d'entrer dans le royaume au volant de sa voiture par la frontière avec les Emirats arabes unis. Une autre militante, Nassima al-Sadah, qui s'était portée candidate à Qatif (nord-est), a annoncé avoir été informée samedi soir par les autorités que son nom avait retiré de la liste des candidates. Elle a suspendu sa campagne.

Toutefois, même si les femmes restent très minoritaires et que leur campagne s’annonce difficile, certaines militantes pour le droit des femmes veulent y voir «l'une des premières étapes pour les droits des femmes», s'est félicité auprès de l’AFP Sahar Hassan Nasief, une militante de la ville côtière de Jeddah, dans l'ouest du royaume, qui compte beaucoup d'amies parmi les candidates. «Nous allons voter pour des femmes même si nous ne savons rien d'elles», a aussi promis Oum Fawaz, une jeune institutrice de Hafr al-Baten (nord-est). «Il suffit qu'elles soient des femmes comme nous».

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