L'homme à l'origine de la plus grande fuite de l'histoire bancaire, qui vit actuellement en France, ne s'est pas rendu à son procès en Suisse, qu'il a décrit comme une «parodie de justice». Ce vendredi 27 novembre, il y a été condamné par défaut pour «espionnage industriel aggravé» par la plus haute autorité judiciaire du pays, le Tribunal fédéral.
En 2008, Hervé Falciani avait déclenché le scandale Swissleaks en révélant à des enquêteurs français les coordonnées de quelques 130 000 individus en possession d'un compte en Suisse. Les informations n'étaient pas restées longtemps cantonnées à l'Hexagone et avaient ensuite été transmises à d'autres gouvernements européens.
Elles avaient été utilisées dans de nombreuses procédures judiciaires pour évasion fiscale. Cette année, la banque privée suisse HSBC, qui l'avait employé, a elle même été condamnée à près de 40 millions d'euros pour des «déficiences organisationnelles» ayant permis une activité de blanchiment d'argent. Elle a également été sommée de payer une caution de 100 millions d'euros dans une enquête française pour «complicité de blanchiment d'argent aggravé et fraude fiscale».
Falciani n'a jamais nié avoir volé les données et a ouvertement travaillé avec différentes autorités gouvernementales, notamment françaises, allemandes, britanniques ou encore indiennes.
Il avait été embauché en 2004 par la banque pour créer une base de données de clients, ayant ainsi accès à une grande quantité d’informations confidentielles. Selon un témoin, il aurait utilisé son ordinateur portable personnel pour simplement transférer la liste par port USB.
Détenteur à la fois de la nationalité française et italienne, Falciani ne peut pas être extradé vers la Suisse, et il est donc vraisemblable qu'il ne purge jamais sa peine.