Des milliers de «haredim» («craignant-Dieu» en hébreu, ndlr), souvent appelés juifs ultra-orthodoxes, ont manifesté le 30 juin dans les rues de Jérusalem occupée, contre l’enrôlement des étudiants ultra-orthodoxes dans les rangs de l’armée israélienne, ont rapporté les médias israéliens.
Ces étudiants en «yeshiva» (centre d'étude de la Torah et du Talmud dans le judaïsme, ndrl) ont brandi des slogans sur lesquelles on pouvait lire: «Nous ne nous enrôlerons pas dans l’armée ennemie» et «Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas».
Selon les médias locaux, certains des manifestants appartenaient à la faction extrémiste de Jérusalem, qui compterait quelque 60 000 membres. Cette faction manifeste régulièrement contre l’enrôlement des étudiants en yeshiva.
Cette manifestation, l’une des nombreuses organisées ces derniers mois, pointe encore The Times of Israël, fait suite à la décision rendue la semaine dernière par la Cour suprême israélienne, qui avait ordonné à Tsahal de commencer à enrôler les haredim et de cesser de financer les yeshiva qui ne se conforment pas à cette décision.
Une rupture d’égalité
La question de la conscription des ultra-orthodoxes est devenue extrêmement sensible alors que l'armée israélienne, en grande partie composée de jeunes soldats et de civils réservistes, est mobilisée sur au moins deux fronts, dans la bande de Gaza et à la frontière libanaise contre le Hezbollah.
Cette problématique refait ainsi surface dans ce contexte après des décennies de controverses et de conflits politiques et sociétaux, les Juifs ultra-orthodoxes estimant que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie.
La Cour suprême avait été saisie par des partis laïcs et des ONG qui dénoncent une rupture d'égalité au profit des étudiants d'écoles talmudiques, exemptés de service militaire en vertu d'une décision de David Ben Gourion datant de la création de l'État colonial d'Israël, en 1948.
D’après des rapports de presse internationaux, cette exemption concernait alors 400 étudiants, alors qu’ils sont aujourd'hui environ 66 000.
Sur le plan politique, l'enjeu est de taille pour Benjamin Netanyahou: l'opinion publique est favorable à la fin des exemptions, mais son gouvernement inclut deux partis religieux ultra-orthodoxes qui pourraient, s'ils quittent la coalition, déclencher de nouvelles élections.
L’étau se resserre sur Netanyahou
Ce bras de fer avec les Juifs orthodoxes pourrait plonger encore dans la tourmente la coalition dirigée par Netanyahou, déjà sujette à une grande mobilisation de la rue israélienne réclamant la fin de la guerre à Gaza, la conclusion d’un accord sur les otages et l’organisation d'élections anticipées.
Le 29 juin, des dizaines de milliers d'Israéliens ont manifesté dans plusieurs villes dont Jérusalem et Tel-Aviv, appelant le gouvernement à conclure un accord sur les otages et à organiser des élections anticipées Ce rassemblement hebdomadaire a été marqué par des affrontements avec la police et des arrestations violentes, d’après les médias israéliens.
Ces manifestations ainsi que celles des Juifs orthodoxes interviennent alors que la contestation visant le Premier ministre Benyamin Netanyahou s'accentue. Selon un nouveau sondage de Channel 12 le 29 juin, la majorité des Israéliens ne souhaite plus le voir se présenter aux élections. 27% des personnes sondées souhaitent que le Premier ministre se présente aux prochaines élections tandis que 66% s'y opposent et 7% sont indécises.