«Les États membres de la Ligue sont convenus que le qualificatif d'organisation terroriste ne devrait plus être utilisé pour désigner le Hezbollah», a indiqué à la chaîne de télévision égyptienne Al-Qahera News le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Hossam Zaki le 29 juin.
«Nous avons une nouvelle réalité dans laquelle le Secrétariat général de la Ligue peut rencontrer les responsables du Hezbollah au niveau du bloc parlementaire afin de discuter de la situation actuelle dans ce pays», a-t-il poursuivi, tout en précisant que le qualificatif de «terroriste» entravait la communication entre le parti chiite et l'organisation régionale.
Cette annonce intervient quelques jours après le voyage du secrétaire général adjoint de la Ligue arabe à Beyrouth. En effet, Hossam Zaki a rencontré à partir du 26 juin le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, le président de la Chambre Nabih Berry, le chef du parti des Kataëb, Samy Gemayel, et le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, mais également le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammed Raad, rapporte le média saoudien Al-Charq Al-Aoussat.
Vers un apaisement entre les pétromonarchies et le Hezbollah ?
Cette visite dans la capitale libanaise avait pour but de «faire preuve de solidarité avec le Liban et son peuple et de discuter de l’escalade dans le sud du Liban». En effet, depuis plusieurs semaines les risques d'une escalade entre les deux ennemis frontaliers sont de plus en plus présents. Les responsables israéliens ont plusieurs fois menacé ouvertement le Liban d'une intervention militaire pour chasser les forces du Hezbollah des zones limitrophes. Le parti chiite s'est dit prêt à toute éventualité sur le front.
Depuis le 8 octobre, en solidarité avec Gaza, l'organisation pro-iranienne mène des opérations contre des positions de l'armée israélienne dans le nord de l'État hébreu.
Cette décision de la Ligue arabe semble refléter l'importance du maintien de canaux de communication avec le Hezbollah qui s'est imposé au fil des années comme un acteur régional. L'organisation panarabe avait classé le parti chiite dans la liste des organisations terroristes en 2016, et ce malgré les réticences libanaises et irakiennes et l'absence de l'Algérie. La Ligue arabe avait emboîté le pas au Conseil de coopération du Golfe.
Dans un contexte de fortes tensions avec l'Iran, les pétromonarchies avaient décidé de s'en prendre au mouvement d'Hassan Nasrallah. À cette époque, Riyad et Téhéran avaient décidé de rompre leurs relations diplomatiques en raison de l'exécution d'un cheikh chiite en Arabie saoudite et des émeutes devant l'ambassade saoudienne en Iran qui avaient suivies.
Depuis, les pays du Golfe avaient délaissé peu à peu le pays du Cèdre, jugé acquis à la cause iranienne, en raison du poids et de l'influence du Hezbollah. Or, des signes avaient laissé présager une potentielle évolution des relations entre les pétromonarchies et le parti chiite. En effet, la visite de Wafic Safa, chef de l'Unité de liaison et de coordination du Hezbollah, aux Émirats arabes unis en mars dernier dévoilait des signes d'apaisement. Un déplacement à replacer également dans le contexte d'un apaisement des relations entre les monarchies du Golfe et de l'Iran.
Les pays occidentaux comme l'Australie, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni ou encore l'Allemagne ont classé l'ensemble du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. L'Union européenne, l'Espagne et la France ont fait de même uniquement avec la branche armée et non la branche politique du mouvement chiite.