Russie

Sanctions contre Kaspersky : le Kremlin dénonce la «concurrence déloyale» de Washington

Alors que les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre l'entreprise de sécurité informatique Kaspersky, le Kremlin a dénoncé ce 21 juin une «concurrence déloyale et malhonnête» de Washington. Le groupe sanctionné a averti que ces mesures coercitives américaines risquaient de contribuer à l'augmentation de la cybercriminalité.

Les restrictions imposées par Washington à l'encontre du développeur russe du logiciel antivirus Kaspersky Lab sont un exemple de «concurrence déloyale et malhonnête de la part des États-Unis», a dénoncé ce 21 juin le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

La veille au soir, les autorités américaines avaient annoncé des mesures coercitives à l'encontre de JSC Kaspersky Lab, lui interdisant «de fournir directement ou indirectement logiciels antivirus et produits ou services de cybersécurité aux États-Unis ou à des personnes américaines».

Un interdit qui s’applique également à trois autres entités : AO Kaspersky Lab et OOO Kaspersky Group (Russie) et la succursale britannique Kaspersky Labs Limited (Royaume-Uni). Par ailleurs, les trois firmes ont été ajoutées à la liste noire (Entity List) du département américain du Commerce «pour leur coopération avec les autorités militaires et de renseignement russes à l'appui des objectifs du gouvernement russe en matière de cyberespionnage», a annoncé ce ministère dans son communiqué. Des accusations que rejette, depuis des années, Kaspersky.

Le ministère a précisé que certaines activités pourraient continuer à être menées jusqu'au 29 septembre, afin de donner aux clients le temps de trouver une alternative. «La Russie a montré à maintes reprises qu'elle avait la capacité et l'intention d'exploiter des entreprises russes, telle que Kaspersky Lab, pour collecter et exploiter des informations américaines sensibles», a accusé la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, citée dans le document.

Ce n'est pas la première fois que le logiciel russe antivirus est ciblé par l’administration américaine. En 2017, il avait été proscrit au sein des agences fédérales. En mars 2022, la Commission fédérale des communications des États-Unis avait également ajouté les «produits, solutions et services» de Kaspersky et de toutes «filiales ou société affiliées» à une liste d'entités qu'elle considérait comme constituant une menace pour la sécurité nationale.

La cybercriminalité profitera de cette interdiction, estime Kaspersky

«Kaspersky est une société multinationale avec des bureaux dans 31 pays et desservant des utilisateurs dans plus de 200 pays et territoires. Kaspersky fournit des produits et services de cybersécurité et antivirus à plus de 400 millions d'utilisateurs et 270 000 entreprises clientes dans le monde», détaille le département du Commerce.

Dans la foulée de l’annonce de ces mesures restrictives imposées par les États-Unis, l’entreprise a condamné dans un communiqué une décision «prise sur la base du climat géopolitique actuel et de craintes théoriques». Celle-ci a par ailleurs estimé que ces sanctions contribueraient à l'augmentation de la cybercriminalité.

«La solution actuelle contribuera avant tout au développement de la cybercriminalité. Une coopération internationale d'experts en cybersécurité est nécessaire pour contrer efficacement les cybermenaces, mais elle est désormais limitée», a indiqué le groupe, avant d'ajouter «Nos clients américains actuels seront confrontés à des défis importants car ils seront obligés de rechercher de toute urgence des remplacements pour des technologies sur lesquelles ils comptent depuis de nombreuses années.»

Les autorités russes dénoncent régulièrement les restrictions décrétées par leurs homologues américaines – contre ses entreprises ou celles d’autres pays –, les accusant d’agir principalement afin de favoriser les entreprises états-uniennes.